La chancelière allemande marque les pas de son voisin français, Nicolas Sarkozy, pour chacune de ses envolées internationales. Après le feuilleton de l'UPM, que le locataire de l'Elysée a dû revoir à la baisse face aux réserves allemandes, jusqu'à en faire un Barcelone bis, voilà que Mme Merkel met des bâtons dans la tentative de son voisin de se faire une place dans les négociations israélo-palestiniennes. Sarkozy, profitant de la mise hors touche de Washington, préoccupé par la succession du président Bush, s'est rendu en Israël pour y manifester son amitié et l'assurer des soutiens français pour la défense de sa sécurité et de ses intérêts, tout en lui recommandant de réaliser l'Etat palestinien. Son crochet dans la ville de Ramallah, où il a rencontré le président de l'Autorité palestinienne, n'a trompé personne : le président Français cherche à se donner une place parmi les plus grands. Cependant, l'Allemagne ne l'entend pas de cette oreille. La chancelière allemande a transformé la conférence internationale, organisée à Berlin sur l'assistance à la police palestinienne, en un forum pour établir une relation de confiance entre les autorités israéliennes et palestiniennes. Développer une police et une justice fiables et efficaces dans les territoires palestiniens est un élément-clef à la condition que s'établissent entre les deux peuples une relation de confiance, et donc une vraie paix, devait-elle déclarer devant les représentants d'une quarantaine de pays, dont la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et son homologue russe Sergueï Lavrov, et encore le chef de la diplomatie européenne Javier Solana. Il s'agit de reconstruire les postes de police détruits par l'armée israélienne après l'Intifada de 2000 et de doter la police palestinienne, forte de 6 750 policiers, de tous les moyens indispensables à ses missions. La conférence a décidé d'affecter 187 millions de dollars, prélevés sur les 7 milliards promis par les pays donateurs lors de la conférence de Paris, en décembre dernier, pour ce programme. Mais, l'Allemagne a également saisi l'occasion de cette conférence pour marquer encore davantage son implication diplomatique au Proche-Orient, bien que sa marge de manœuvre reste très étroite en raison des “relations privilégiées” avec Israël basées sur la responsabilité historique de l'Allemagne dans l'Holocauste. Berlin reconnaît sans fioritures le droit des Palestiniens à leur propre Etat. “Etre le meilleur ami d'Israël ne signifie pas que nous n'avons pas un rôle à jouer pour favoriser la paix et que nous ne pouvons pas être entendus par les voisins arabes ou les Palestiniens”, ont rappelé des proches de la chancelière dont le ministre des Affaires étrangères n'a pas hésité à se montrer critique à l'égard de la politique de l'Etat hébreu dans les territoires palestiniens et vis-à-vis du Liban. Mme Merkel se dit rechercher la relance de l'action du Quartette pour le Proche-Orient, qui est dans l'impasse, en renforçant l'influence de l'ensemble de l'UE. Alors que Sarkozy cherche davantage à se faire une place dans le pré carré américano-britannique dans la région. D. Bouatta