Les émeutes qu'a connues, samedi dernier, la ville portuaire de Sidi Ifni (770 km au sud de Rabat) ont été marquées par des brutalités de la police et de viol de femmes dans un commissariat de police, a rapporté, hier, la presse marocaine. Le quotidien Al Ahdath Almaghribya s'étale longuement, dans son édition d'hier, sur un témoignage faisant état “d'arrestation de femmes, dépossédées de leurs biens et conduites dans un commissariat où elles ont été contraintes à ôter leurs vêtements avant d'être soumises à des brutalités et des actes humiliants”. Le journal rapporte le récit d'une femme en pleurs, “déshabillée avec d'autres citoyennes arrêtées, dans une cellule pleine de sang, puis brutalisée, insultée et violée par un policier masqué”. “À la sortie du commissariat, la jeune femme, fortement traumatisée, s'est vue refuser un certificat médical confirmant le viol sur sa personne par les services hospitaliers qui lui ont signé une incapacité de 10 jours”, précise le journal. Selon la même source, le wali d'Agadir, dont les compétences territoriales couvrent la ville de Sidi Ifni, a démenti l'existence de cas de viol commis par la police, déclarant que “les autorités sont disposées à enquêter sur toute plainte relative à des dépassements”. Par ailleurs, selon El Bayane El Youm, la ville de Sidi Ifni retrouve progressivement le calme et une activité régulière, alors que de nombreuses familles, ignorent le sort de leurs enfants, en fuite sur les montagnes environnantes. De son côté, le journal Al Tajdid signale que “les examens du baccalauréat se sont déroulés dans de mauvaises conditions, de nombreux candidats n'ayant pu y prendre part, alors que leurs camarades présents dans les centres d'examen, ne pouvaient pas se concentrer sur les épreuves, compte tenu du climat qui pèse sur la ville”. Le même journal indique que “la communauté émigrée en France, originaire de la région de Sidi Ifni, organise mercredi, une manifestation devant le consulat marocain, pour protester contre la répression et les viols, qui ont choqué les membres de cette communauté”. À noter que l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) a dénoncé dans un communiqué, “les méthodes brutales utilisées par les forces publiques contre des citoyens et des citoyennes dans la rue et dans leurs maisons, les agressions physiques, les viols, les humiliations et les vols de biens, de portables, de bijoux et d'argent dans les habitations”. La police était intervenue en force dans cette ville pour rétablir le trafic de transport de poissons, bloqué par des manifestants de la région réclamant du travail, depuis une dizaine de jours, rappelle-t-on. R. I./Agences