Son contenu sera défini les 12 et 13 juillet, à Paris. Reposera-t-elle sur une ambition considérée comme une utopie : combler le fossé entre le nord et le sud de la Méditerranée en termes de revenus ? Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a mis fin au suspense en annonçant lundi au Japon à son homologue français Nicolas Sarkozy, qu'il participerait en personne au sommet qui doit lancer dimanche à Paris l'Union pour la Méditerranée (UPM). En confirmant sa présence, Bouteflika a levé une des dernières incertitudes qui pesait sur le sommet du 13 juillet. La plupart des 44 chefs d'Etat et de gouvernement invités devraient finalement participer, à l'exception, peut-être du Libyen Mouammar Al-Kadhafi. C'est déjà un succès pour le président français, qui faut-il le rappeler, assume depuis le 1er juillet dernier la présidence de l'Union européenne. Mais une union pour quoi faire ? La question est sur toutes les lèvres. Les contours de la copie française, corrigée par la chancelière allemande Angela Merkel, n'a pas encore, du moins au public, livré ses secrets. “L'Union pour la Méditerranée repose sur un principe : combler le fossé entre un Nord plutôt riche et un bassin méditerranéen beaucoup plus pauvre. Le but ? Rétablir l'équilibre en assurant un espace de paix et de sécurité”, avait expliqué Alain le Roy chef de la mission Union pour la Méditerranée auprès du président Sarkozy, à l'image de ce qui a été entrepris en Amérique latine avec le Mercosur ou en Asie avec l'ASEAN. L'Europe cherche à enrayer l'immigration clandestine en développant la prospérité à la source, mais aussi à concurrencer l'Amérique et les nouvelles puissances émergentes, la Chine et l'Inde. La logique semble différente du processus de Barcelone. L'Union pour la Méditerranée s'appuierait sur des projets concrets, à l'image du charbon et de l'acier qui ont donné naissance, des années après à l'Union européenne, en passant d'abord par la communauté du charbon et de l'acier. En effet, le processus de Barcelone semble avoir atteint ses limites. Les résultats n'ont pas été à la hauteur des objectifs affichés. Sur le plan politique initié après la relance du dialogue israélo-palestinien, le processus de Barcelone avait, pour premier objectif, d'instaurer la paix dans la région. Cela fut un échec évident qui a prouvé que la situation était plus complexe que supposée et que l'Europe n'avait pas une influence géostratégique à la hauteur de cette ambition. Sur le plan économique au lieu de se réduire, l'écart des revenus par tête entre, d'une part, les quinze de l'UE et les nouveaux membres et, d'autre part, les pays tiers méditerranéens s'est sensiblement accru. L'Union pour la Méditerranée s'apparente à union de projets. Comme l'avait souligné le président français, “la démarche s'apparente à celle des pères fondateurs de l'Europe. C'est en développant des projets concrets que l'on renforcera la coopération entre l'Europe et les pays du sud de la Méditerranée et surtout entre les pays du Sud eux-mêmes”. On évoque des projets dans le domaine de l'environnement, la lutte contre les aléas climatiques, la dépollution de la mer Méditerranée, de l'énergie, avec le développement des énergies renouvelables et la mise en place des interconnexions électriques. L'accent sera mis aussi sans doute sur la formation des jeunes. Pour le moment, les observateurs jugent la démarche floue. Les questions liées aux aspects financiers et institutionnels ne sont pas encore tranchées. Après son recadrage par l'Europe, le projet d'Union pour la Méditerranée, porté par Nicolas Sarkozy, devra être certainement mieux explicité le 13 juillet prochain, sans arrière-pensées, en expliquant clairement les objectifs. Meziane rabhi