La visite à Alger du ministre français des Affaires étrangères n'a pas apporté les éclaircissements attendus. Le chef de la diplomatie française, tout en se voulant optimiste, maintient le suspense quant au projet de l'Union pour la Méditerranée. «La visite a été fructueuse et riche d'enseignements pour moi, je ne peux pas dire que c'est une réussite. Tout n'a pas été réglé mais tout sera réglé»; c'est en ces termes très nuancés que le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a qualifié sa visite à Alger. M.Kouchner a annoncé la signature de deux conventions sur le nucléaire civil et la coopération militaire. Quant à l'accès aux archives, il a préconisé la création d'une commission d'experts. Pour sa part, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a affirmé que «des discussions importantes ont eu lieu entre les deux parties». S'agissant du projet de l'Union pour la Méditerranée, M.Medelci a indiqué que «ce projet a évolué. Il mérite l'attention, il apporte une valeur ajoutée». La coprésidence de ce projet reviendra probablement à l'Egypte, si on se fie aux déclarations de M.Medelci. Quant à la normalisation avec Israël, il a soutenu qu'elle ne sera pas abordée dans le cadre de cette union, a ajouté en substance Mourad Medelci. Comme prévu, la crise du Liban, la France coloniale et l'Union pour la Méditerranée étaient au centre des discussions entre les responsables algériens et le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Accueilli par son homologue Mourad Medelci, le ministre français a été reçu, hier, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Dans sa déclaration à la presse, à l'issue de l'audience que lui a accordée le chef de l'Etat, le chef de la diplomatie française a indiqué avoir évoqué avec le Président le «projet d'Union pour la Méditerranée et la place de l'Algérie et de la rive Sud de la Méditerranée dans ce projet» et précisé que celui-ci «doit être différent et sera différent de ce qu'on a appelé le Processus de Barcelone». En outre, il ajouta que «le Président Bouteflika a non seulement posé des questions lors de cet entretien mais il a également apporté des éléments de réponse aux questions et aux problèmes qui se posent entre nos deux pays et qui ne sont pas tous le fruit de notre histoire commune mais aussi des temps nouveaux, des temps du développement de l'Union pour la Méditerranée». M.Kouchner a encore dit: «Nous avons eu l'occasion d'éclairer un certain nombre de ces directions qui, du point de vue de la France, sont très prometteuses.» Jusqu'à hier, le contenu du projet de Nicolas Sarkozy demeure flou. L'Algérie chercherait à obtenir des éclaircissements sur le projet qui doit être lancé officiellement le 13 juillet au cours d'un sommet des candidats à l'UPM, par le président français, Nicolas Sarkozy, immédiatement après sa prise de fonction en tant que président de l'Union européenne, avant de se prononcer sur la question. M.Medelci s'est félicité au début de la réunion de la «consolidation des relations entre la France et l'Algérie, qui se manifeste à travers l'échange de visites entre responsables des deux pays et la concrétisation de projets de coopération bilatérale». Lors de cette même rencontre, les deux parties avaient abordé les questions d'actualité internationales telle la situation au Liban. «Je viens discuter du Liban et de la situation dans ce pays qui n'est pas simple et aussi de notre sujet positif, à savoir l'Union pour la Méditerranée, avec le président Abdelaziz Bouteflika, le chef du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères», a déclaré M.Kouchner à la presse à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediene pour une visite de travail en Algérie. «Je viens dans un milieu fraternel», a-t-il souligné. Le chef de la diplomatie française ajoute que cette visite présente une occasion de «discuter entre gens qui se disent la vérité et qui ont des intérêts communs». Car, les relations franco-algériennes ne se limitent pas seulement à ce projet de l'UPM. Selon les observateurs, l'adhésion de l'Algérie à cette démarche du président français repose sur de nombreux paramètres et éléments aussi bien sur le plan historique que politique. Il s'agit, notamment de quelques positions, jugées divergentes, des deux pays vis-à-vis de questions internationales ainsi que de la période coloniale.