De son côté Mourad Médelci a justifié la participation du président Bouteflika à ce sommet par le fait que les clarifications demandées par l'Algérie, notamment au sujet de la parité des institutions, ont trouvé leurs réponses. L'Algérie et l'Espagne ont signé un procès verbal d'accord sur l'extradition judiciaire, à la faveur de la visite du chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, effectuée hier. Cette visite, la deuxième en deux mois du chef de la diplomatie espagnole à Alger, témoigne de la densité, de la qualité et de la confiance existant dans les relations entre les deux pays, selon Mourad Medelci, le chef de la diplomatie algérienne. Ce dernier, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue espagnol, a rappelé l'accélération de la coopération bilatérale, avec la multiplication des visites de haut niveau, à l'instar de celle effectuée par le ministre espagnol de l'Intérieur en juin dernier, et qui avait été sanctionnée par la signature d'un accord de coopération en matière de lutte contre le terrorisme et contre le crime organisé, mais aussi de la vice-présidente du gouvernement espagnol. Il rappellera également la visite récente du ministre algérien de l'Energie et des Mines à Madrid. La visite du chef de la diplomatie espagnole a été l'occasion de débattre des sujets d'intérêt commun, à l'instar du problème de l'émigration. Pour Mourad Medelci, les deux pays ont convenu de faire de ce problème “non pas un point de discorde, mais un sujet de coopération”. Outre l'accord d'extradition judiciaire, les deux parties ont convenu de mettre en place deux groupes de travail qui devraient remettre leurs conclusions à la commission mixte dont la réunion est prévue en octobre prochain. Le premier groupe se penchera sur la coopération énergétique et explorera les voies et moyens de développer des énergies renouvelables, mais aussi sur les questions liées à l'interconnexion des réseaux électriques. Pour le chef de la diplomatie algérienne “notre pays est en train de construire l'après-pétrole”. C'est pourquoi, l'accent est mis sur le développement des infrastructures, des services, de l'agriculture et du tourisme. Ce sont autant de secteurs que le deuxième groupe de travail devrait prendre en charge pour proposer aux entreprises espagnoles des opportunités d'investissements en Algérie.De son côté, le chef de la diplomatie espagnole a souligné l'excellence des relations bilatérales et a insisté sur la construction de l'UMA et les derniers préparatifs du “Processus de Barcelone Plus”, comprendre par-là le sommet de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Miguel Angel Moratinos a affirmé que son pays a hâte de voir se construire l'UMA. “Il est urgent, il est indispensable que se construise cet ensemble. Evidemment, le problème du Sahara occidental empêche cette construction. L'Espagne veut aider les deux pays (le Maroc et le Sahara occidental) à trouver une solution conforme à la légalité internationale et aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU”. M. Moratinos a défendu le sommet de Paris, en estimant que c'est un réajustement du Processus de Barcelone, tout en rappelant les trois objectifs de ce sommet : le rehaussement du dialogue politique, à travers des sommets qui se tiendront tous les deux ans, la création de nouvelles institutions paritaires “pour faire sentir aux pays arabes que ce n'est pas Bruxelles qui décide à leur place” et, enfin, des projets communs concrets. Au sujet de la participation de l'Algérie au sommet de Paris, Mourad Medelci a estimé que les clarifications demandées par Alger ont trouvé, pour une bonne partie, des réponses, notamment à travers la création d'institutions paritaires (secrétariat général) et des projets communautaires, mais aussi le dialogue politique renforcé. Toutefois, il a indiqué que “la déclaration de Paris” sanctionnant le sommet du 13 juillet ne devrait pas trancher toutes les questions. Certaines questions seront laissées aux discussions des ministres concernes après le 13 juillet. Parmi ces questions figure celle de la circulation des personnes à laquelle Alger tient beaucoup, mais également aux capacités de financement des projets communs. Par ailleurs, Mourad Medelci a évoqué le problème des immigrés subsahariens, évoquant l'absence de conventions entre l'Algérie et les pays africains dont sont issus ces immigrés. Même s'il reconnaît que des “compromis” ont été trouvés avec certains pays pour rapatrier les immigrés clandestins, il fait remarquer que beaucoup d'autres restent en Algérie, en situation irrégulière “et sont traités humainement”. Pour lui, “ce n'est pas seulement un problème de droit et de sécurité, c'est aussi un problème de conscience”. Azzeddine Bensouiah