Les conséquences du retard se répercuteront directement sur le pèlerin lui-même autant que sur le voyagiste soumis à une rude concurrence internationale en matière d'hébergement. Les autorités compétentes, en l'occurrence l'Office national du hadj, semblent avoir du mal à faire leur choix quant aux agences de voyage et de tourisme qui auront droit à commercialiser le produit hadj pour l'année en cours. Ce retard de presque un mois par rapport à l'année dernière inquiète énormément les agences soumissionnaires qui ont répondu au cahier des charges et qui n'ont pas manqué d'exprimer leurs inquiétudes auprès du journal et exposer la situation. “Le dernier délai de dépôt de dossiers a été fixé au 14 juin dernier et nous sommes toujours dans l'expectative à l'affût de la moindre information, en vain. Ce n'est pas logique et très pénalisant”, a déploré un groupe d'agences expliquant les lourdes conséquences qui découleront de ce retard. Un total de 36 000 Algériens accompliront le rite du hadj pour la saison 2008 comme annoncé par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. Un nombre important qui est loin de faciliter la tâche et d'assurer le bon déroulement si les dispositions requises ne sont pas prises au moment opportun. À plus forte raison que l'année 2008 est tout à fait particulière, compte tenu du nouvel aménagement d'une partie de La Mecque, lancé il y a quelques mois par l'Arabie Saoudite dans le cadre d'une nouvelle configuration du haram. Pour faire face à la forte demande prévisionnelle attendue sur les six prochaines années, le royaume est en train de multiplier par trois ses capacités d'accueil dans les Lieux saints. La Mecque est la plus touchée à cause de son relief devenu un véritable frein à l'expansion de la première destination des populations musulmanes. Aussi, de nombreux hôtels et pensions ont avancé le chiffre de 1 200 établissements, certains ont été démolis pour l'élargissement de la place d'En haram (Mecque) sans qu'ils soient remplacés pour l'heure. Une rude concurrence internationale s'est alors installée donnant lieu à une spéculation en matière d'hébergement, plaçant les voyagistes algériens dans des situations gênantes, contraints à débourser des sommes importantes pour s'assurer des lieux d'accueil sans même savoir s'ils figurent ou non sur la liste des agences retenues dans la sélection de l'Office. Plus grave encore, c'est que ces mêmes voyagistes pourraient se voir doubler par le plus offrant, même s'ils sont liés par des contrats en bonne et due forme. C'est que la loi de l'offre et de la demande est plus forte et régit le marché pour l'omra et le hadj (une augmentation de 30% à 40 % pour 2008) qui, en définitive, est un produit touristique comme un autre qui demande une expérience et une maîtrise et devrait revenir aux professionnels et non pas à de simples administrateurs sans aucune connaissance des réalités du terrain. Cet état de fait pourrait aussi se répercuter sur le pèlerin lui-même qui pourrait se voir logé dans des lieux très éloignés (10 à 20 km) des endroits où il devra accomplir le pèlerinage, ce qui ne facilitera guère le séjour, notamment pour les personnes très âgées ou de santé fragile. 22 000 pèlerins relèveront de l'Office national du hadj et de la omra, en plus de ceux qui seront pris en charge par l'Office national algérien du tourisme (Onat) et par Touring Club Algérie avec pour nouveauté, la réservation d'un petit quota de 250 places, probablement au privé. Reste le nombre de 4 000 pèlerins qui se rendront aux Lieux saints avec des passeports ordinaires qui seront répartis sur 8 agences au lieu des 16 de l'année dernière, soit 500 places au lieu de 250, sans que cette option soit réellement expliquée. Les agences de voyages s'interrogent réellement sur le déroulement de l'opération du hadj pour 2008 et se demandent si la création de cette nouvelle entité vient rompre avec les anciennes méthodes de gestion qui ont fait preuve de grandes défaillances, ou s'il s'agit d'un simple transfert de prérogatives par le simple changement d'appellation de commission à office. À noter que lors du Conseil de gouvernement du 8 juillet dernier, il a été annoncé l'augmentation de 30% des frais de transport et d'hébergement à La Mecque et à El Médina Mounaouara et ce, en raison de l'envolée des prix du pétrole. Cela se traduit par une hausse de 70 000 DA sur le budget du hadj dont 50 % seront pris en charge par l'Etat pour soulager les pèlerins de cette dépense supplémentaire. Les agences de voyages ignorent, cependant, ce qui a été décidé par le pavillon national pour ce qui de l'augmentation du prix du billet… Nabila Saidoun