Cet énième report ne fait que renforcer l'énigme que constitue ce terroriste dont un des “hauts faits d'armes” est l'enlèvement des touristes allemands. Le procès des compagnons d'Amari Saïfi, alias Abdderrazak El-Para, prévu hier, a été renvoyé pour la prochaine session criminelle de la cour d'Alger. Un renvoi qui “ajourne” ainsi les révélations attendues des quatre inculpés dont deux sont accusés d'avoir participé à l'enlèvement, en 2003, de 32 touristes allemands, suisses et autrichiens dans le Sahara algérien en 2003. Cet énième report remet encore une autre “couche” sur l'énigme qu'est devenue le cas d'El-Para depuis son extradition de la Libye vers l'Algérie en octobre 2004. Notons que deux (N. A. et K. A.) des quatre accusés qui devaient comparaître hier avaient été, eux aussi, remis à l'Algérie après leur arrestation au Tchad et leur emprisonnement par le mouvement rebelle local, le MJDT (Mouvement pour la démocratie et la justice). Ces derniers avaient remis aux Libyens le chef terroriste et 16 de ses compagnons afin de les remettre aux autorités algériennes. Les principaux chefs d'inculpation retenus contre eux sont “appartenance à un groupe terroriste sévissant à l'intérieur et à l'extérieur du pays, assassinat et menace contre la sûreté de l'Etat, activités terroristes, kidnapping d'étrangers”. Le procès devait aussi permettre de voir plus clair sur les détails du rapt et de la course-poursuite qui s'en était suivie entre le groupe terroriste et les différents services de sécurité de plusieurs pays africains et européens. Sans oublier aussi la rançon (estimée à 5 millions d'euros) qu'aurait reçu El-Para de la part des autorités allemandes pour la libération du second groupe d'otages (17 parmi eux avaient été libérés par l'ANP). Les déclarations des accusés lors de l'instruction ont néanmoins donné des indices et éclairci plus au moins ce qui s'était passé pendant les 5 mois qu'avait duré cette affaire. Ainsi, N. A., alias Abou Okba, a affirmé que le kidnapping n'était pas “prémédité” et que ce n'est que par hasard que les touristes avaient été pris en plein désert. Il a aussi donné des détails sur la création du GSPC entre 1994 et 1995 et l'“octroi” à Amari Saïfi, le statut de numéro 2. L'autre accusé, K. A., alias abou Yacoub, a donné des précisions sur plusieurs actions terroristes perpétrées par son groupe sous les ordres d'El-Para dont l'assassinat de 45 militaires. Rappelons qu'il y a deux mois, une information avait été publiée par certains médias selon laquelle un juge d'instruction près la cour d'Alger a adressé une commission rogatoire à la justice allemande, où il demande à auditionner 16 otages allemands, libérés après le payement de la rançon. Une seconde commission a été adressée à la justice malienne pour demander des informations sur des personnes impliquées dans l'approvisionnement de Saïfi en armes et munitions, et la réception de la rançon obtenue auprès du gouvernement allemand en échange de la libération des otages. Concrètement, et près de quatre ans après sa “réception” via la Libye, le cas El-Para reste toujours une énigme et l'affaire des otages européens n'a toujours pas donné tous ses secrets. Salim Koudil