De hauts responsables onusiens et des diplomates occidentaux ont immédiatement pris des mesures de précaution dans l'hypothèse où Khartoum orchestrerait des violences contre la présence internationale au Soudan. Le Soudan menace de réagir violemment à l'inculpation de son président, le général Omar Al-Bechir par la Cour pénale internationale (CPI). Ban Ki-moon a fait marche arrière essayant de calmer les esprits en mettant en garde contre la probabilité de Khartoum d'empêcher le processus de normalisation en gestation pour le Darfour. Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a confirmé de son côté, hier, son 'intention de demander un mandat d'arrêt contre le président soudanais, pour les atrocités commises ces cinq dernières années au Darfour. Le procureur accuse notamment le dirigeant soudanais de “crime contre l'humanité” et de “génocide” dans cette région frontalière du Tchad où 2,2 millions de personnes ont été déplacées et des centaines de milliers d'autres ont péri. De hauts responsables onusiens et des diplomates occidentaux ont immédiatement pris des mesures de précaution dans l'hypothèse où Khartoum orchestrerait des violences contre la présence internationale au Soudan. La CPI poursuit le Soudan depuis de 2002, 4 années après la signature par 120 Etats du traité instituant la cour. En mars 2005, le Conseil de sécurité des Nations unies, seul compétent pour saisir la CPI de crimes commis dans un pays qui n'a pas ratifié le statut de la cour, saisit le procureur des crimes commis au Darfour. Mais, l'ONU mesure aujourd'hui sa précipitation, son département du maintien de la paix craint des mesures de rétorsion des forces soudanaises à l'encontre de la Minuad (la mission conjointe de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour, qui ne dispose pour l'instant que de 9 200 casques bleus et policiers sous-équipés, sur les 26 000 escomptés). La Minuad a d'ores et déjà interrompu ses patrouilles et a regroupé ses forces sur quelques positions plus faciles à défendre. Mardi, un convoi de la Minuad a été attaqué, 7 soldats ont été tués et 22 autres blessés. Khartoum a nié sa responsabilité dans l'attaque. Il reviendra aux trois juges de la chambre préliminaire de la CPI, dont les délibérations peuvent prendre entre deux et trois mois, de décider si les preuves avancées par le procureur sont une base raisonnable pour délivrer le mandat d'arrêt. Omar Al-Béchir deviendrait alors le troisième président en exercice à faire l'objet d'une procédure de la justice internationale, après le président serbe, Slobodan Milosevic, inculpé en mai 1999 par le Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie, et le président libérien Charles Taylor, poursuivi depuis mars 2003 par la Cour spéciale pour la Sierra Leone. Face au Conseil de sécurité, le 5 juin, le juge avait clairement accusé Khartoum. “Pour planifier et commettre des crimes de cette nature, à cette échelle, sur une si longue période, les criminels ont dû mobiliser et coordonner tout l'appareil d'Etat, des services de sécurité aux services d'information publique en passant par le système judiciaire”, avait plaidé le procureur argentin. Mais, il se plaint de ne pas avoir la coopération des Etats pour conduire ses enquêtes et arrêter les suspects. La Chine est en embuscade, grand partenaire du Soudan, elle ne lâchera par Omar Al-Bechir. D. Bouatta