La naissance de l'Union pour la Méditerranée (UPM) est perçue comme une menace à la cohésion de l'unité de l'Afrique, par Abdoulaye Wade, le président du Sénégal, qui y voit “une opération visant à amputer le continent de sa partie nord”. L'UPM, organisation des pays riverains de la Méditerranée lancée dimanche à Paris, va séparer l'Afrique au sud du Sahara de l'Afrique du Nord et faire perdre des membres à l'Union africaine (UA), a-t-il déclaré hier. Avec la création de l'UPM, “les Africains devraient d'ores et déjà tirer les conséquences du départ éventuel de certains Etats de l'Afrique, de l'Union africaine vers l'Europe. L'UPM est le premier acte de ce départ sans préavis”, dit M. Wade. “Des pays de l'Afrique du Nord iront nécessairement vers l'Europe qui les phagocytera bien un jour”, prédit le chef de l'Etat sénégalais. Selon lui, “les pays d'Afrique du Nord doivent choisir clairement comme l'a fait le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qui a rejeté le projet de l'UPM car, de toute évidence, on ne peut pas appartenir à deux unions à la fois”. “L'Afrique du Nord tournée vers le Nord (Europe), le Sahara deviendra ce que nous étions en train de combattre, un mur séparant politiquement notre continent en deux parties”, ajoute le président sénégalais. Le président français Nicolas Sarkozy a lancé l'UPM dimanche à Paris, en présence de plus de quarante dirigeants d'Europe et de la rive sud du bassin méditerranéen, dont les représentants d'Afrique du Nord, à l'exception de la Libye. Pour M. Wade, l'Europe a suscité l'UPM pour compenser “sa croissance démographique déclinante” face aux grands pays de l'avenir comme les Etats-Unis, la Chine, l'Inde et le Brésil, et pour bénéficier du pétrole et du gaz de certains pays d'Afrique du Nord comme l'Algérie et la Libye. D. S./AGENCES