Agissant sur information, les éléments de la brigade de la Gendarmerie nationale d'El-Bouni (Annaba), ont découvert, avant-hier, un atelier clandestin à ciel ouvert de fabrication d'embarcations de fortune au profit des candidats à l'émigration clandestine, dans une forêt à Sidi-Salem, apprend-on de sources crédibles. L'opération lancée, dans ce contexte, a permis aux gendarmes de mettre la main sur trois embarcations en phase de finition, dissimulées sous de la végétation. Actuellement, elles sont entreposées à la fourrière de véhicules d'El-Bouni. Ces barques “spéciale harga” , à fond plat et d'une longueur de 7 mètres environ, sont réalisées à la base d'un matériau qui s'avère lui aussi d'origine douteuse et issue de trafic. Le bois avec lequel sont fabriquées ces embarcations est récupéré des chantiers de travaux publics, à savoir les madriers et troncs d'arbre d'eucalyptus servant de poutre ou de soutien, a-t-on constaté sur place. Très probablement, ces matériaux sont détournés de leur destination d'origine pour servir à la “conception” de ces embarcations de fortune, conçues pour faire entasser une trentaine de jeunes candidats à l'émigration clandestine. Devons-nous énumérer les “passeurs” et les “passagers”, tous également des clandestins. Ainsi, le matériau utilisé est aussi clandestin et impropre à son exploitation comme élément de base à la fabrication de ces “machines” de la mort, appelées à affronter les éléments naturels et une mer démontée. À Annaba, le phénomène de l'émigration clandestine, résultat de la pauvreté et l'absence pratiquement totale des conditions de vie et qui avait atteint des proportions alarmantes, notamment durant la période de l'été où les conditions de navigation sont souvent favorables, a donné lieu ainsi à d'autres fléaux, en l'occurrence la confection clandestine d'embarcations destinées essentiellement aux harragas et à des marins-pêcheurs qui se sont transformés en “passeurs”. L'avènement de l'émigration clandestine à partir du littoral annabi a fait, aussi, le bonheur de beaucoup de marins-pêcheurs locaux, qui se sont spécialisés carrément dans ce domaine, en devenant des “passeurs”. Le profit d'un voyage, dont la durée aller-retour se situe entre 13 et 14 heures, est beaucoup plus intéressant sur le plan financier pour ces gens de la mer. Il est l'équivalent de plus d'un mois de bonnes prises, selon des aveux de harragas. B. Badis