À défaut d'être à Pékin pour y suivre les JO, plusieurs de “nos” Chinois ont voulu marquer le coup de façon plus ou moins symbolique. Nous avons assisté, lundi soir, à une soirée organisée au niveau d'un de leurs nombreux chantiers à Alger. C'était à El Achour, précisément sur les lieux du projet de construction de 1 280 villas que la Sarl chinoise Ziwej sous-traite avec le promoteur Sahraoui. Le temps d'une soirée, la vie dans cette base a totalement basculé. Déjà à l'entrée du chantier, on pouvait remarquer les nombreuses affiches en caractère chinois qui remplissaient tous les murs. Nous nous sommes rapprochés de Shen Tai Yong, le gérant de Ziwej, dont le sourire ne quittait pas le visage. Via l'interprète (qui a été indispensable tout au long de notre présence sur les lieux), il nous a expliqué que “le but principal de la soirée était de permettre aux ouvriers de montrer leur fierté de voir leur pays organiser les jeux Olympiques". Sur la raison du choix de ce jour, il s'est fait un malin plaisir pour nous répondre : “Ça tourne autour d'un seul chiffre, le 8. Il signifie pour nous la richesse et l'espoir. C'est d'ailleurs pour cette raison que les JO débuteront le 8 du huitième mois de 2008 à 8h08.” En franchissant le portail nous avions en face de nous des dizaines de Chinois alignés l'un derrière l'autre et rejoignant tous un hangar. En y entrant on a été surpris par l'immense décalage qu'il y avait entre l'aspect sobre du chantier et le spectacle qu'on avait en face. Des jeux de lumière, une musique assourdissante et des dizaines de personnes s'agglutinaient autour de tables. Il s'agissait des 135 ouvriers des chantiers accompagnés (pour certains) de leurs familles. Aussi, il y avait d'autres invités chinois dont la présence n'est pas passée inaperçue. Parmi eux nous avions remarqué la présence du propriétaire du restaurant Zhiong Bei (situé à Birkhadem) dont on dit qu'il est l'un des plus grands soutiens financiers des nombreux chantiers où exercent ses compatriotes en Algérie. De même était présent le PDG chinois de l'entreprise sino-algérienne Abed Maaden, qui s'occupe de l'exploration de la mine de zinc-plomb d'El Abed (à Tlemcen). Tout ce beau monde “nageait” dans un décor où le rouge était prédominant. La scène en face d'eux était composée de deux téléviseurs, d'un lecteur DVD, d'une batterie, d'un accordéon, d'un synthé. Il s'est avéré que c'était finalement très suffisant pour mettre de l'ambiance et transformer totalement les calmes ouvriers qui quelque minutes avant étaient en file indienne. Pendant près de deux heures plusieurs parmi eux se sont succédé sur la scène pour chanter en karaoké. Les thèmes des chansons tournaient autour de la sacralisation du travail “bien fait”. Même Shen TaiYong s'était mis de la partie et a pris le micro pour interpréter une chanson en karaoké. Nous n'avions pas été surpris de savoir que le titre était Si on veut gagner, il faut travailler beaucoup. Toutefois, et c'était trop flagrant, ce sont les deux ou trois chansonnettes romantiques qui ont suscité le plus d'enthousiasme (et le mot est faible) des ouvriers-spectateurs. C'est vers 22h que la sympathique soirée se terminait au grand dam des ouvriers qui avaient du mal à sortir de la salle improvisée. L'un d'eux, debout à quelque mètres du drapeau chinois, nous dira en essayant de formuler une phrase avec des mots en français et en arabe : “C'était une occasion pour nous de montrer notre amour pour notre pays. Nous sommes fiers de l'organisation des jeux Olympiques en Chine”. Et d'ajouter juste avant de nous laisser : “Ça nous a aussi permis de nous défouler et d'oublier un peu le travail qu'on fait sans arrêt depuis que nous sommes arrivé en Algérie.” Salim KOUDIL