Dans 94% des cas, l'armée israélienne n'a pas donné suite à des plaintes concernant des exactions présumées de militaires à l'encontre de Palestiniens, selon un rapport de l'organisation israélienne de défense des droits de l'Homme Yesh Din, rendu public hier. Ce rapport indique que sur 1 246 dossiers ouverts entre 2000 et 2007 à propos du comportement de militaires à l'encontre de Palestiniens, en Cisjordanie et la bande de Gaza, seuls 76 ont abouti à des inculpations (6% du total). Suite à ces inculpations, 110 militaires ont été reconnus coupables et condamnés, pour la plupart à des peines légères, selon des statistiques fournies par l'armée à cette ONG. Les plaintes ont été déposées en règle générale par des Palestiniens ou des organismes de défense des droits de l'Homme, alors que seul un petit nombre de soldats et officiers osaient se plaindre à la justice militaire du comportement de leurs camarades, précise Yesh Din. “Le faible nombre des enquêtes et le nombre encore plus faible d'inculpations entachent la réputation d'une armée censée protéger la population palestinienne contre des infractions commises par ses soldats”, a déclaré l'avocat Michael Sfard, conseiller juridique de Yesh Din, suite à la publication du rapport. Il a dénoncé une “conspiration du silence” au sein de l'armée pour masquer de telles actions. L'armée israélienne a assuré dans un communiqué qu'elle “déployait un ensemble de moyens pour examiner de façon professionnelle les plaintes concernant des atteintes à l'encontre de Palestiniens”. Un porte-parole a précisé qu'à la suite de la création d'une section spéciale de la justice militaire sur ce type d'enquêtes en octobre 2007, 30 actes d'accusation ont été présentés à l'encontre 39 militaires. Dans un rapport précédent publié début juillet, Yesh Din, présidée par des officiers supérieurs en retraite, avait révélé que dans neuf cas sur dix, la police israélienne ne donnait pas suite aux plaintes de Palestiniens de Cisjordanie déposées pour diverses agressions contre eux par des colons. Le rapport indiquait que sur 205 dossiers ouverts ces dernières années et suivis par Yesh Din, 163 avaient effectivement été examinés par la police, et seuls 13 avaient abouti à des inculpations (8% du total). Suite à la mort mardi d'un enfant palestinien tué par des tirs israéliens dans le village de Nilin en Cisjordanie, l'armée a promis “une enquête sérieuse sur cette affaire avec toutes les personnes concernées du côté palestinien”. L'enfant, âgé de 12 ans, a été tué lorsque des jeunes ont lancé des pierres contre des soldats chargés de la sécurité des travaux de construction de la barrière de séparation. Nilin est le théâtre de manifestations hebdomadaires contre cette barrière qui prive le village de l'accès à 250 hectares de champs d'oliviers, situés en bordure de l'implantation de Modiin Elit. R. I./Agences