Les demandes sans cesse répétées des Marocains pour la réouverture des frontières s'expliquent par une tentative désespérée du Makhzen de sauver les régions frontalières d'une longue asphyxie économique, elles qui ne devaient leur survie qu'à l'argent des touristes algériens et aux échanges commerciaux entre les deux pays. Absent depuis un certain temps de la scène politique, le roi du Maroc s'est fait rappeler de lui par la virulence de son discours à l'endroit d'Alger à l'occasion de l'an IX de son accession au trône. M6 a fustigé la fermeture par l'Algérie des frontières terrestres entre les deux voisins, ne comprenant pas que le dossier du Sahara occidental soit une raison suffisante pour la fin de non-recevoir de Bouteflika aux demandes pressantes de Rabat de rouvrir les frontières. Le monarque alaouite met en avant les liens de “fraternité historique” qui lient les deux peuples oubliant rapidement que c'est son père Hassan II qui avait commencé les hostilités en imposant, en 1994, aux Algériens, un visa d'entrée au lendemain d'un attentat terroriste à Marrakech. À l'époque, les Marocains désigneront d'un doigt accusateur les services secrets algériens, du coup, depuis, l'histoire révélera au monde l'implication des groupes terroristes marocains. Même si les deux pays sont revenus à de meilleurs sentiments avec la suppression des visas d'entrée, il n'en demeure pas moins que pour Alger, l'ouverture des frontières ne peut se traiter à part, sans les autres contentieux opposant les deux capitales. En effet, le gouvernement algérien ne fait pas de ce dossier une priorité nationale et la conditionne au règlement du conflit sahraoui avec le droit à l'autodétermination du Sahara occidental. Une condition que le Maroc a toujours refusé. Les demandes sans cesse répétées des Marocains pour la réouverture des frontières s'expliquent par une tentative désespérée du Makhzen de sauver les régions frontalières d'une longue asphyxie économique, elles qui ne devaient leur survie qu'à l'argent des touristes algériens et aux échanges commerciaux entre les deux pays. Il n'est un secret pour personne que des milliers de Marocains traversaient les frontières pour travailler la terre algérienne et investir les chantiers de construction nationaux. Cependant, et même avec le tomber de rideau, le trabendo et les réseaux de contrebande continuent d'écumer le tracé frontalier au grand dam de l'économie nationale saignée à blanc par une faune de prédateurs à l'affût de la moindre occasion. Car si au Maroc, tout ce qui est consommable porte la griffe de l'Algérie, ce n'est que drogue, boissons alcoolisées de seconde qualité et armes de guerre qui squattent sous le ciel algérien. S. O.