De nouvelles tensions financières voient le jour et les banques ont du mal à mobiliser des capitaux. Ces derniers mois, les marchés financiers ont opéré des ajustements sensibles et les pouvoirs publics ont procédé à des interventions exceptionnelles. Pourtant, les marchés financiers mondiaux restent fragiles et les indicateurs de risque systémique sont encore élevés. Pour de nombreuses catégories de prêts, la qualité du crédit a commencé à se dégrader sous l'effet de la baisse des prix de l'immobilier et du ralentissement de la croissance économique. Bien que les banques aient réussi à mobiliser des capitaux additionnels, leurs bilans subissent de nouvelles tensions et les cours des actions bancaires ont fortement chuté. Il est donc d'autant plus difficile de lever de nouveaux capitaux et le risque d'une interaction négative entre l'ajustement du système bancaire et l'économie réelle s'en trouve accru. En même temps, les autorités peinent de plus en plus à concilier les objectifs d'inflation, de croissance et de stabilité financière. La résistance des pays émergents aux turbulences mondiales est mise à l'épreuve par le durcissement des conditions de financement extérieur et les autorités sont confrontées à la montée de l'inflation. Les pertes induites par la crise des prêts hypothécaires à risque devraient rester élevées, mais pour l'essentiel, elles sont aujourd'hui reconnues. Bien que les créances hypothécaires et les titres se soient dépréciés globalement de plus de 400 milliards de dollars, les banques des ?tats-Unis, d'Europe et d'Asie ont, dans l'ensemble, réussi à mobiliser des capitaux. Cependant, les pertes déclarées dépassent jusqu'à présent les capitaux levés et les banques ont du mal à préserver leurs bénéfices en raison de la baisse de qualité des crédits, de la diminution des recettes tirées des frais bancaires, du niveau élevé des coûts de financement et de l'exposition aux rehausseurs de crédit et aux assureurs de prêts hypothécaires. Comme les banques réduisent leurs opérations de levier en mobilisant des capitaux et en reconstituant des volants de liquidités, les taux interbancaires restent élevés et les coûts de financement à long terme ont augmenté. Jusqu'à présent, les pays émergents ont relativement bien résisté aux turbulences sur les marchés du crédit. Cependant, alors que la crise se prolonge, les conditions de financement extérieur se resserrent et certains pays émergents font désormais l'objet d'une surveillance plus poussée, surtout en ce qui concerne les mesures qu'ils adoptent pour contrer l'intensification des pressions inflationnistes. Il est maintenant manifeste que les investisseurs hésitent de plus en plus à s'engager davantage. Les marchés d'actions des pays émergents affichent des résultats un peu moins bons que ceux des marchés établis depuis les pointes atteintes en mai. Les désengagements des fonds d'investissement dans les pays émergents concernent surtout les marchés asiatiques où les risques d'inflation et de ralentissement de la croissance sont les plus prononcés. Avec la hausse des prix des matières premières, la frilosité croissante des investisseurs et le resserrement des conditions de financement extérieur, les marchés se montrent désormais plus attentifs aux risques que posent les importants déséquilibres extérieurs. Les primes de risque afférentes aux pays émergents qui affichent un déséquilibre extérieur (défini comme un déficit courant égal à au moins 5 % du PIB) remontent aux niveaux atteints à la mi-mars et les marchés boursiers de ces pays enregistrent de moins bons résultats que ceux des pays dont les déséquilibres extérieurs sont moins prononcés. Les mesures prises par les banques centrales pour allonger les échéances et élargir la palette de garanties et de contreparties ont permis de maîtriser les risques systémiques. Cependant, compte tenu de la réduction des opérations de levier et de la valorisation incertaine des actifs, les risques de crédit restent élevés, ce qui porte à penser que plusieurs institutions financières seront peut-être amenées à mobiliser de nouveaux capitaux. Meziane Rabhi