Le caftan marocain qui, il y a quelques années, faisait rarement partie de la garde-robe des Constantinoises, connaît cet été un succès sans précédent poussant de nombreux magasins de prêt-à-porter à l'inclure dans leur marchandise et même à s'y spécialiser. Se déclinant sous toutes ses catégories, on le retrouve dans les magasins d'“articles de bataille” comme dans les magasins de luxe, qui en font leur spécialité et le vendent à côté de robes de fêtes et des habits traditionnels du Machraq, notamment. ? l'instar de la gandoura constantinoise brodée d'or, le caftan marocain se vend cher mais cela ne semble pas dissuader les clients qui, lorsqu'ils ont les moyens de se l'offrir, le préfèrent à bon nombre d'autres habits traditionnels établis depuis plus longtemps dans les traditions commerciales de la ville. Ainsi l'habit emblématique des lointains voisins de l'ouest est arrivé à déclasser à titre d'exemple la robe syrienne et les caftans et autres habits traditionnels des pays du Golfe, qui pourtant se déclinent dans des couleurs chatoyantes bien attractives et pour un prix bien plus intéressant. En fait cet été, le caftan marocain commence même à rivaliser avec l'incontournable et indémodable gandoura constantinoise brodée d'or. Même s'il est fabriqué à des milliers de kilomètres du lieu de sa commercialisation, il est plus facilement assimilé à un habit traditionnel du terroir et beaucoup n'hésitent pas à l'adopter en tant que tel pour la cérémonie du henné lors des fiançailles. Contrairement à la gandoura constantinoise qui, généralement, se confectionne sur commande, le caftan marocain se vend en prêt-à-porter, et ceci a beaucoup contribué à son succès comme le confirme Sarah, une jeune fille rencontrée dans un magasin spécialisé en la matière : “D'abord le caftan est un produit relativement nouveau par rapport à la gandoura dont l'image est aujourd'hui quelque peu épuisée, ensuite pour le même prix, je préfère opter pour un produit que je peux essayer à ma guise, en choisir la couleur, la taille et tous les motifs avant de me décider à l'acheter”, dit-elle avec assurance. Avant de renchérir : “Je trouve qu'acheter un caftan c'est tout de même bien mieux que d'avoir à commander une gandoura (constantinoise) et à attendre des mois qu'elle soit prête sans même être sûre que le résultat corresponde à ce qui a été commandé.” Pour cette autre mère de famille, rencontrée sur les mêmes lieux, le caftan marocain ne bénéficie ni plus ni moins que d'un effet de mode qui va finir par passer : “Il y a de cela quelques années, c'était la gandoura oranaise qui faisait fureur, où est-elle aujourd'hui ? Vous pouvez faire tous les magasins de la ville sans en trouver une seule pièce...”