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Douleur, colère et impuissance
Retour à Aïn Kechra
Publié dans Liberté le 24 - 10 - 2002

Dimanche soir, c'était le cauchemar sur une route perdue, près d'Aïn Kechra. Les photographies prises après le massacre sont insoutenables. Hier, notre journaliste est retourné dans cette localité où les habitants ont crié leur colère à la face des autorités qui les avaient livrés sans défense à l'horreur terroriste.
Hdjar Mefrouch, village de la commune de Aïn Kechra, dans la wilaya de Skikda, est une localité qui est sortie de l'anonymat après le dernier massacre perpétré par les terroristes au lieudit El-Fedj et qui a coûté la vie à neuf personnes dont six GLD, deux gardes communaux et un brigadier, tous originaires du village. Hdjar Mefrouch est perché sur une colline surplombant un vaste massif forestier aux frontières des wilayas de Skikda et de Jijel. Il est distant du chef-lieu de la commune de 20 kilomètres.
Hier, au lendemain de l'enterrement des 9 victimes, nous nous sommes déplacés sur les lieux. Faute de route, nous entamons une succession de virages et de nids-de-poule.
Le long de ces vingt kilomètres, et à ce jour, vingt villageois ont été passés par les armes des terroristes depuis la formation des maquis de la nébuleuse extrémiste. À peine deux kilomètres de traversée, et c'est le lieudit Kef-Lahdid. Quelques maisons de part et d'autre de la route. Cela fait une année qu'elles sont abandonnées par leurs occupants. L'année dernière, presque jour pour jour, les terroristes ont assassiné les deux frères Kihal. Depuis, le hameau a été déserté.
Sept kilomètres après, c'est le lieudit El-Fedj, situé entre deux dangereux virages. À gauche, une piste descend tout droit vers la région de Boulbalout, traversant le lieudit Bordj Lamiz. C'est le lieu du dernier massacre. Un des rescapés témoignera plus tard : “J'étais parmi les premières personnes tombées dans le faux barrage. Ils étaient six ou même huit jeunes habillés en tenues de la garde communale et de la gendarmerie. Silhouettes bien entretenues, on les a pris pour des membres des forces de sécurité. Même si on avait des soupçons, qu'elle aurait été notre marge de manœuvre dans une piste aussi défoncée et où l'on ne peut pas rouler à plus de 20 kilomètres à l'heure dans le meilleur des cas ? Une fois arrêtés, on nous a emmenés vers la piste qui mène à Bordj Lamiz. Quelques mètres et on est loin des regards des autres personnes arrivant à hauteur du faux barrage, tellement la végétation est dense et l'inclinaison de la piste forte ! Sur cette piste, on a été cueillis par un autre groupe de terroristes. Ces derniers portaient des barbes et des tenues afghanes”.
Notre témoin n'arrive pas à donner le nombre de ces derniers. Il explique : “On est terrorisés. On nous a forcés à rester à plat ventre, les yeux contre l'asphalte. Ceux qui ont osé lever leurs regards ont été brutalisés.”
Quelques kilomètres après, une éternité pour nous, et c'est Bordj Lakhouf. Comme son nom l'indique, depuis qu'en 1997, sept patriotes ont été assassinés, ici, alors qu'ils assuraient la sécurité de la route par un jour de souk. La peur plane sur le site.
Après deux virages de ce sinistre lieu, c'est le château d'eau qui alimentait le village de Hdjar Mefrouch en eau potable. En effet, cette commodité se conjugue au passé depuis deux années.
La pompe a été volée, semble-t-il, et l'APC n'arrive toujours pas à trouver dans sa tirelire quelque vingt millions de centimes pour la remplacer. Les villageois font, chaque jour, cinq kilomètres, dans l'insécurité, pour se procurer le précieux liquide.
Après une petite descente de 5 kilomètres, c'est le village de Hdjar Mefrouch. Les mines sont défaites et la tristesse règne. Une odeur de mort se dégage des lieux. La première maison est celle du jeune brigadier exerçant à Jijel. Ce dernier, tout heureux et pressé de rentrer voir son bébé d'un mois a été cueilli par les terroristes qui l'égorgèrent et incendièrent son véhicule. Son frère, presque en sanglots, débita : “Ahcène ne reverra jamais Houssam-Eddine.” En contrebas de la route principale, une piste en tout-venant mène vers un deuxième ilot de maisonnettes. L'une d'elles appartient au défunt Youcef. Toute sa famille est là. Plus loin, au fond, une femme s'est retrouvée toute seule avec ses filles depuis lundi dernier quand des terroristes ont décidé, selon une logique propre à eux, de mettre fin, de la façon la plus barbare, aux jours de son mari. Face aux visiteurs venus lui présenter leurs condoléances, flanquée de ses filles, elle résiste aux sanglots, mais dans ses yeux on peut lire la détresse de tout un peuple délaissé et déchiré par une guerre sanglante qu'on lui mène. “La nuit, qui osera s'aventurer ici, regardez, il n'y a pas d'éclairage public. Dans tout Hjar Mefrouch, il n'y a qu'une seule lampe qui fonctionne”, lance un parent à la désormais veuve.
Nous revenons au centre du village. Jeunes et vieux de Hdjar Mefrouch veulent crier leur douleur au monde entier. “El-Djazira a donné l'information, mais pas la télévision nationale. D'ailleurs, on ne la capte plus depuis dix jours, car le relais est tombé en panne”, lance un des jeunes. Un autre, tenta de résumer les préoccupations des siens : “A Hdjar Mefrouch, il n'y a rien. Vous venez de découvrir vous même l'état de la route. Il n'y a pas de téléphone. À la poste, l'employé utilise son mobile personnel. Pour la moindre chose, on est obligé de descendre à Aïn Kechra. Seulement, la route n'est pas sécurisée. Elle est dans un état tel qu'il est difficile d'éviter les faux barrages. Malheureusement, à ce jour, ces derniers nous ont coûtés 20 de nos meilleurs enfants. Nous ne pouvons rester sans rien faire jusqu'à notre extermination”.
M. K.
Histoire d'une séquestration
• Lundi, aux environs de 18h et après l'enterrement des neuf victimes, les villageois ne pouvaient plus contenir leur colère. Depuis la veille, ils se sont sentis humiliés et trahis par cet Etat auquel ils ne cessent de faire des offrandes pour qu'il reste debout.
Un frère des victimes raconte “le faux barrage a été dressé à partir de 16 h dimanche. Il n'a été levé qu'aux environs de 19 h. Il y a bien une défaillance dans le système de lutte contre le terrorisme pour que cela arrive. Les forces de sécurité n'ont récupéré, cette nuit-là, que deux cadavres sur les neuf. Et c'est grâce à nos moyens que nous les avons transporté à la morgue. Les sept autres sont restés dans la nature, jetés en proie aux loups. Le lendemain, on a été seuls à localiser les cadavres des nôtres, comme si cette lutte n'est pas celle de l'Algérie et de ses institutions. Les rares responsables n'ont pointé qu'à 9h”. Un autre proche de deux victimes, les larmes aux yeux, enfonce le clou d'avantage “quand on a ramené les défunts de la morgue pour les enterrer, il n'y avait même pas l'emblème national pour les couvrir. Ils étaient à même les civières, pourtant ce sont des gens qui ont pris les armes pour défendre ce pays”. C'est dans ces conditions, que les villageois, poussés par des jeunes qui ne veulent plus subir un sort macabre, sont passés à l'action. Des barricades de fortune ont été installées à l'entrée du village, sur la route menant à Aïn Kechra. Au centre du village, les “adultes” ont
improvisé un meeting auquel assistait, malgré lui et sans broncher, le chef de daïra, unique responsable présent. Un orateur lança à la foule: “Cette terre a été un bastion de la Révolution. Elle a été une zone libérée. Ceux que nous avons hébergés, et protégés, une fois au pouvoir nous ont oubliés. La guerre contre l'occupant ne nous a pas pris vingt victimes, alors que le terrorisme l'a fait. Notre salut est la sécurité de la région. Soit les autorités sécurisent la région, soit nous partons. Aujourd'hui, grâce à nos GLD, Hadj Mefrouch a un poste avancé dans la lutte anti-terroriste qui protège toute la région de Aïn Kachra, mais, une fois nos enfants sur la route de la mort, personne ne nous protège.
Alors, qu'ils sécurisent la région, si non nous leur rendrons les armes et nous partirons de ces terres. En attendant que les responsables trouvent une solution à notre problème, cette personne (le chef de la daïra, NDLR), restera, ici, avec nous”. À l'issue de ce discours enflammé, le chef de daïra de Aïn Kachra, sera prié de passer la nuit au siège de la garde communale. Selon les témoignages des villageois, ce dernier sera beaucoup plus l'invité de citoyens oubliés qu'un otage.
Le lendemain, mardi, vers 16 h, le wali se déplacera sur les lieux. Aux villageois, il promet la sécurité de la route, l'affectation d'un bus pour les écoliers, l'électrification, l'éclairage public…
M. K.


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