Deux bateaux transportant une quarantaine de militants pro-palestiniens voulant briser par la mer le blocus israélien de la bande de Gaza ont quitté hier matin le port de Larnaca, dans le sud de Chypre. Les militants, dont plusieurs ont affirmé avoir reçu des menaces de mort pour les dissuader de prendre part à l'expédition, ont lancé le “V” de la victoire avant de se donner l'accolade et prendre place à bord de deux grandes barques de pêche. Les embarcations, qui ont quitté Larnaca dans la matinée doivent parcourir 370 km, une distance que les organisateurs espèrent couvrir en une trentaine d'heures. La semaine dernière, l'état hébreu avait demandé aux militants, partis de Crète le 13 août, de ne pas tenter de s'approcher de la bande de Gaza. “Nous supposons que vous avez de bonnes intentions mais, en fait, le résultat de votre action, c'est que vous soutenez le régime d'une organisation terroriste à Gaza”, indiquait le ministère israélien des Affaires étrangères dans une lettre ouverte aux participants, en allusion au mouvement islamiste Hamas qui a pris le contrôle de la bande de Gaza par la force en juin 2007. “Pour ôter à Israël tout prétexte "de sécurité", nos bateaux ont été inspectés et certifiés par les autorités chypriotes comme ne transportant aucune arme ou (objet de) contrebande de quelque sorte”, a indiqué dans un communiqué le Mouvement liberté pour Gaza, qui dit s'attendre à être intercepté par les Israéliens. Ce mouvement a été fondé il y a deux ans et regroupe notamment des défenseurs des droits de l'homme, des travailleurs humanitaires et des journalistes. “Notre mission est de dénoncer l'illégalité des actions israéliennes, et de briser le siège afin d'exprimer notre solidarité avec le peuple de Gaza qui souffre”, explique encore le groupe. Les deux bateaux, baptisés Liberty et Free Gaza, naviguent sous pavillons grecs et transportent 200 prothèses auditives et 5 000 ballons. Parmi les passagers, âgés entre 22 et 81 ans et en majorité américains et britanniques, figure Lauren Booth, belle-soeur de l'ancien Premier ministre Tony Blair, actuellement représentant du quartette pour le Proche-Orient. Autre participant à l'expédition, un député grec de gauche, Tassos Kourakis. Oussama Qachou, lui, ne sera finalement pas du voyage. Comme plusieurs de ses compagnons, ce Palestinien résidant à Londres a reçu des menaces téléphoniques. “Je suis très triste de ne pas pouvoir y aller”, a-t-elle regretté. Israël impose un blocus à la bande de Gaza depuis janvier dernier. En mars, des organisations humanitaires internationales avaient affirmé que la situation humanitaire dans la bande de Gaza, où vivent 1,5 million de personnes, était la pire depuis l'occupation du territoire par Israël en 1967. R. I.