L'assemblée semestrielle du Fonds monétaire international (FMI) a exprimé, hier, son inquiétude pour l'économie mondiale menacée par la crise financière et la flambée des prix alimentaires. La hausse des prix alimentaires pourrait avoir de terribles conséquences pour la planète entière si rien n'était fait pour l'endiguer, a en particulier souligné le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. “Les prix de l'alimentation, s'ils continuent comme ils le font maintenant, les conséquences seront terribles”, a-t-il lancé lors d'une conférence de presse donnée à l'issue de la réunion. “Des centaines de milliers de personnes vont mourir de faim... Ce qui entraînera des cassures dans l'environnement économique”, a-t-il mis en garde. Les progrès réalisés par les pays pauvres depuis cinq à dix ans en matière de développement pourraient se retrouver “complètement détruits”, a-t-il ajouté, en soulignant que ce problème dépassait le cadre strict des préoccupations humanitaires. Outre l'examen de la conjoncture économique, les participants à l'assemblée se sont prononcés favorablement sur le projet proposé par M. Strauss-Kahn de boucler la réforme engagée il y a plus de deux ans pour rendre au Fonds pertinence et légitimité. “Il y a vraiment très peu de chances que nous n'obtenions pas les 85% (de voix) requises”, auprès des ministres des Finances qui doivent encore s'exprimer individuellement d'ici le 28 avril, a jugé M. Strauss-Kahn. Le comité a toutefois souligné que du travail restait à faire pour peaufiner la méthodologie mise au point pour revoir à intervalles réguliers (tous les cinq ans) les quotas en vigueur. Chacun espérait davantage de ce projet qui prône le transfert d'un bloc de droits de vote fixé à 2,7 points de pourcentage des pays du Nord (57,9%) vers les pays du Sud (42,1%). Assorti à la vente de 400 tonnes d'or et la suppression de 380 emplois, ce compromis boucle toutefois l'essentiel d'une réforme engagée pour réduire le contrôle de l'institution par les pays riches et la sortir du déficit. L'accueil positif réservé par les membres du CMFI à la réforme n'est pas étranger à la conjoncture, a souligné son directeur Tommaso Padoa-Schioppa, lors de la même conférence de presse. “La gravité de la crise que nous connaissons a probablement contribué à mobiliser les esprits sur la nécessité de réformer le fonds et de trouver un accord s'agissant de la représentation” de ses membres, a-t-il dit.