Mis à part le côté festif de la première édition de cet événement, on ne peut tout de même omettre que c'est une excellente initiative pour, tout au moins, booster la culture algérienne, toujours cloîtrée entre la chansonnette et le bricolage. Auteur à succès et derrière plusieurs polémiques ayant secoué le monde de la littérature algérienne, Anouar Benmalek est passé presque inaperçu, samedi soir, à l'Esplanade de Riadh El-Feth. Alors qu'il participait, avec trois autres auteurs, à une table ronde dont le thème était “Une approche de la littérature maghrébine d'expression française”, les nombreuses familles et les jeunes, qui sillonnaient les lieux, n'avaient d'yeux que pour les clowns. Ces derniers étaient carrément les stars incontestées de cette troisième soirée du festival culturel international de la littérature et du livre de jeunesse. Les enfants et même les parents voulaient se les arracher presque pour prendre des photos avec eux. C'est que, en cette première soirée de la semaine, il régnait sur l'esplanade un air de fête foraine. De nombreuses familles affluaient dès 19h pour assister à ce festival, premier du genre, et sur lequel beaucoup d'espoirs ont été mis par les organisateurs. “C'est avant tout un lieu pour les familles et les enfants”, nous dira M.Abrous, le chargé de communication du festival. “L'entrée est gratuite et chaque jour il y a un spectacle. Aujourd'hui, par exemple, il y a Didi Hamdane sur scène. Notre slogan est “Pour l'été, prenez le temps des livres” et on espère ainsi faire plaisir à toutes ces personnes qui viennent de plus en plus nombreuses au fil des jours”, nous précisera-t-il, tout en insistant sur le fait que l'entrée est libre et qu'il y a une réduction tangible sur les prix des livres dans les stands. Des stands qui avaient rendez-vous avec le calme en cette fraîche soirée d'août. Il faut dire que les familles n'avaient d'yeux que pour le spectacle de Didi Hamdane. Ce dernier faisait visiblement le bonheur des nombreux enfants venus voir son spectacle. D'ailleurs, la tribune installée sur l'esplanade s'est avérée trop exiguë pour recevoir tout le monde. Beaucoup de familles se sont retrouvées à suivre les sketchs de l'ex-star de Taxi El- Mejnoun et dont les chansons nous faisaient déjà sentir l'approche du Ramadhan. Du côté des éditeurs, l'euphorie était loin d'être au rendez-vous. Ceux qu'on a rencontrés étaient soit déçus, soit plus ou moins satisfaits. “Je ne comprends pas le choix des horaires d'ouverture de ce festival. ?a commence à 16h alors qu'on s'attendait plutôt à que ça débute de bon matin”, nous dira un jeune représentant d'une maison d'édition spécialisée dans les livres parascolaires. Nous avons toutefois trouvé un autre éditeur (spécialisé dans les livres d'enfant) qui s'est dit malgré tout satisfait. “J'ai pu vendre pas mal de livres, même si c'est moins que ce que j'avais prévu. En plus, cela durera jusqu'au 29 août. Donc, je ne désespère pas. D'ailleurs, aujourd'hui c'est samedi et il y a beaucoup plus de monde que le week-end passé”. à propos des horaires, il a tenu un tout autre langage que le premier. “Pour moi, à 16 heures, c'est encore trop tôt. Avec la chaleur qui règne ce n'est vraiment pas évident et j'aurai préféré que ça ouvre plutôt à 18 heures”. Avant de le quitter, il nous avouera qu'il appréhende la fin de soirée. “Il y a un peu de vent et tout indique qu'il va pleuvoir. Je me demande vraiment comment on va faire pour éviter la détérioration de notre matériel”. Par contre, les pères et mères de famille qu'on a approchés se disaient tous contents de cette initiative. “Cela nous permet de faire sortir nos enfants et de profiter de ces dernières soirées de vacances”, nous dira Rabah, venu avec sa femme et ses deux enfants. De son côté, Farida, accompagnée de ses deux jeunes filles, nous a affirmé qu'elle était sur place pour voir avant tout. “J'ai lu dans la presse que cela a commencé jeudi passé et je voulais voir de plus près ce qui se passe. Ma foi, ça me plaît et je vais revenir avec mes enfants et mes neveux dès demain, surtout que j'ai vu qu'il y a des livres intéressants ici, que ce soit pour moi ou pour les enfants”. Mis à part le côté festif de la première édition de cet événement, on ne peut tout de même omettre que c'est une excellente initiative pour, tout au moins booster, la culture algérienne, toujours cloîtrée entre la chansonnette et le bricolage. à défaut d'avoir une vraie rentrée littéraire, on se contentera de ce festival et peut-être qu'avec le temps nos auteurs seront plus importants que les clowns. Salim Koudil