Les responsables de l'UGCAA estiment que la liberté des prix ne doit pas sanctionner le consommateur. La libéralisation de l'économie en Algérie a provoqué une hausse vertigineuse de tous les produits alimentaires. Cette situation n'est pas du goût des adhérents à l'Union nationale des commerçants et artisans algériens, et ils l'ont fait savoir lors de la conférence de presse qu'ils ont animée hier au nouveau siège de leur organisation. “Certes nous sommes en période d'arrière-saison, connue pour la rareté des fruits et légumes, mais cela seul ne peut expliquer les prix pratiqués dans nos marchés”, affirme M. Medjber, président de l'Association des mandataires du marché de gros des Eucalyptus dans la wilaya d'Alger. Il demande l'intervention de l'état pour lutter contre la vente sans facture. “Le recours à la généralisation de la facture à tous les niveaux pourra permettre à l'état de mieux contrôler les activités commerciales en Algérie. Même dans les pays capitalistes où les prix sont libres, les coefficients servant de base de calcul des marges bénéficiaires sont plafonnés. En Algérie, les prix sont libres au point que des détaillants peuvent pratiquer des marges de 100% et même plus sans être nullement inquiétés”, ajoute le mandataire des Eucalyptus. Il cite l'exemple de la laitue vendue à 40 DA le kilogramme au marché de gros et cédée à 80 DA au consommateur. Il s'offusque contre ces pratiques contraires aux règles universelles du commerce : “Le producteur qui s'échine au travail pour faire pousser les laitues ne réalise pas un tel bénéfice.” Pour étayer sa thèse, il cite l'exemple des industriels algériens qui fixent les prix selon un calcul établi et non de manière anarchique. “Un industriel algérien prend en considération toutes les charges et à partir de là, il pratique des marges bénéficiaires qui ne pénalisent pas le consommateur. Or dans le commerce des fruits et légumes, les détaillants font ce qu'ils veulent et personne ne peut les obliger à pratiquer des prix abordables en se contentant de marges raisonnables”, se plaint le président de l'association des mandataires. Pour remédier à la situation, il espère l'intervention des pouvoirs publics. Il rappelle que durant la période coloniale, les marges bénéficiaires étaient plafonnées à 30% pour les légumes et à 25% pour les fruits. Durant cette même période, les autorités coloniales mettaient au point des plans agricoles et arrêtaient les quantités de productions destinées la consommation, à l'exportation et au stockage. Il s'étonne qu'aujourd'hui en Algérie les prix soient si libres au point de saigner les ménages à blanc. “Ce matin au marché de gros, la tomate coûtait 15 DA, la courgette 35 DA et les haricots verts 45 DA. Vous me dites que la tomate coûte 50 DA, les courgettes 70 DA et les haricots verts 70 DA au détail. Je ne comprends pas ces prix pratiqués dans le détail”, s'interroge-t-il. Pour sa part, M. Benabid Abdellali, président de la commission préparatoire du prochain congrès de l'UGCAA invite les commerçants du détail à se contenter de marges bénéficiaires raisonnables pour permettre aux Algériens de passer un bon Ramadhan. Il annonce que lors du congrès qui aura lieu en janvier prochain, les participants aborderont justement le rôle de l'état dans la réglementation du commerce des fruits et légumes et la politique fiscale propre à ce secteur. Sa?d Ibrahim