À défaut de moyens pour rallier les plages, les habitants de la commune de Larbaâ Nath Irathen se ruent vers l'oued pour fuir la canicule et profiter du calme naturel qui règne en ce lieu, situé dans une vallée séparant les limites territoriales entre Larbaâ Nath Irathen et Beni Yenni. Cet endroit, qui présente l'avantage d'avoir accès par une piste agricole où des véhicules peuvent stationner, est baptisé “Berrekmouche“ du nom du saint de ce haut lieu où une qoba a été édifiée pour témoigner de son immortalité. Une source d'eau naturelle à grand débit jaillit, fraîche en été, tempérée en hiver, coule dans le vide et finit lamentablement dans les eaux de la rivière. Surplombant cette rivière, le pont Berrekmouche, ouvrage historique et architectural remarquable —bâti sur la roche par des prisonniers de guerre après 1857, sous les ordres du maréchal Randon— relie les deux communes. Il a su résister aux différents séismes et inondations. Mettant à profit les capacités que présente ce lieu, des jeunes volontaires du village de Taourirt Amokrane, défiant la peur et les rumeurs, se sont organisés pour réhabiliter cette “plage“ où l'eau est profonde et propre à la baignade. Après un très bon nettoyage à l'aide d'une pelle mécanique, des digues en pierre ont été réalisées pour une bonne retenue d'eau et une profondeur de 4 mètres. Certains font des plongeons périlleux à partir du pont sur une hauteur de 10 mètres. Aux alentours, une baraque de fortune sert de gargotte où se vendent des sandwichs, limonades… à des prix raisonnables. Il faut dire qu'avec l'ouverture de la piste agricole reliant ce lieu à Taourirt Amokrane (LNI), rendue récemment praticable, les moyens de transport sont disponibles (taxis, fourgons particuliers) pour 25 DA. Durant les week-ends, cet endroit connaît une grande ruée de familles venant des localités de LNI, de Aït Aggouacha, de Beni Yenni. Il est difficile d'y trouver une place pour se baigner. Parfois, des bagarres éclatent. Les plus solitaires préfèrent rester plus loin où l'eau coule doucement, s'adonnant aux plaisirs de la pêche ou s'assoupissant simplement sous le doux murmure de l'eau, conjugué aux mélodies des oiseaux saisonniers, et d'un vent frais, brusque et passager. Un émigré, venu savourer quelques moments en cet endroit, dira : “Vraiment, c'est le paradis. L'année prochaine j'inviterai mes amis”. A. BELMILOUD