Région stratégique pour les Etats-Unis, le Proche-Orient fait l'objet d'une attention particulière de l'Administration américaine qui a concocté un nouveau plan pour y maintenir sa mainmise. Washington montre, une fois de plus, son intérêt accru pour cette région par le biais de George Bush qui a annoncé dans un discours, vendredi dernier, la création d'une zone de libre-échange et d'un Etat palestinien. Ces deux échéances permettront, selon le chef de la Maison-Blanche, de “faire entrer le moyen-orient dans un cycle de nouvelles opportunités et d'offrir l'espoir aux gens qui vivent dans cette région”. Il semblerait que le but du président américain est de “faire profiter les pays arabes, dont le produit intérieur brut combiné représente moins que celui de l'Espagne” des zones de libre-échange et autres marchés concurrentiels qui “ont aidé à vaincre la pauvreté et ont enseigné aux hommes et aux femmes les habitudes de la liberté” ! Le développement économique ne serait pas le seul objectif de Bush, qui chercherait également à régler définitivement le conflit israélo-palestinien avec la création d'un Etat palestinien, conformément à la feuille de route du quartette. A la différence de ce document, qui prévoit cela pour 2005, le locataire du bureau ovale ne fait aucune référence à la date de concrétisation du projet. Encore une fois, c'est aux Palestiniens qu'il est demandé de faire des efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif. Ainsi, ils sont tenus de prendre “des mesures concrètes pour mettre un terme à la violence et continuer sur le chemin de la paix et de la démocratie”. Dans ce cas seulement, “on verra le drapeau palestinien flotter sur un pays libre et indépendant”, ajoute Bush. Israël est appelée, quant à elle, à “alléger les souffrances des Palestiniens, à montrer du respect pour leur dignité” et à cesser l'établissement de colonies juives dans les territoires occupés. Comme d'habitude, cette demande est formulée sous forme de souhait, au moment où se prépare la visite d'Ariel Sharon aux Etats-Unis prévue le 20 mai prochain. Les discussions entre Bush et Sharon à la maison-Blanche seront déterminantes pour le règlement du conflit du moyen-orient, car le président américain est le seul en mesure d'amener le chef du gouvernement israélien à faire des concessions, notamment sur la question du droit des réfugiés palestiniens au retour, sur laquelle même Abou Mazen n'est pas disposé à céder. Les Palestiniens ont accueilli favorablement le discours de Bush, en formulant l'espoir de voir les Etats-Unis faire davantage pression sur Israël afin qu'elle respecte la “feuille de route”. Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, attend lui aussi beaucoup de Bush, à voir ses déclarations : “Nous espérons que la position du président Bush se transformera sur le plan politique pour mettre fin à l'occupation israélienne de notre pays qui s'achèvera avec un retrait israélien complet sur les frontières de 1967, et autoriser un Etat palestinien à côté de l'Etat israélien.” Cette fois-ci, les Américains ne veulent pas que les négociations entre les deux parties traînent en longueur et attendent de les voir s'engager rapidement dans le nouveau plan de paix. C'est ce qu'a affirmé le chef de la diplomatie américaine à la veille de sa tournée dans la région. Colin Powell compte réunir le plus vite possible autour d'une table de négociations les Palestiniens et les Israéliens. K. A.