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Maintenant que Le mal est fait...
SEISME DU 21 MAI 2003 ZEMMOURI-BOUMERDES
Publié dans L'Expression le 29 - 05 - 2003

Nous laissons Bordj Menaiel derrière nous, face à un avenir plutôt sombre pour gagner Si Mustapha où peu de dégâts ont été signalés.
Une halte s'imposait. Mais comme il fallait rejoindre au plus vite la ville de Boumerdès qui a été, on le sut en arrivant, ravagée par le séisme, nous dûmes nous arrêter à Zemmouri pour constater les mêmes boule-versements, les mêmes larmes et les mêmes récriminations contre le pouvoir que certains citoyens n'ont pas hésité à traiter de «traître à la nation». Parmi les plus coléreux on en a retenu un dont les propos nous ont paru en phase avec la réalité. Que dit ce monsieur ? Fustigeant l'Etat et la masse de «suceurs de sang» qu'il nourrit, au détriment de millions d'Algériens non touchés (?) par une équitable redistribution des revenus pour tous, il vida sa colère sur nous sans pouvoir décolérer.
Mais alors qu'aux heures qui suivirent immédiatement la secousse, les secours étaient orientés systématiquement vers la ville d'Alger et la wilaya de Boumerdès et de Réghaïa, proches de la capitale, les villes de Bordj Menaiel, Dellys, Baghlia, Zemmouri, Corso ou Sidi Daoud, situées un peu plus loin, avaient été oubliées. Est-ce parce que «ces villes se situent dans l'ancienne wilaya de Grande Kabylie qu'elles ont été traitées en dernier?». Ajoutant: «Pratiquerait-on de la discrimination depuis que les ârchs de Kabylie se sont mis à soutenir la culture citoyenne haut et fort?» Vraie ou exagérée, la réflexion de notre interlocuteur fait partie, semble-t-il, de ces réactions que les catastrophes naturelles attisent. C'est d'ailleurs un langage qui a toujours émaillé les propos que nous avons été amenés à échanger avec les citoyens des localités sinistrées. Langage fébrile soutenu par les effets stimulants du choc assené par le tremblement sur lequel nombre de personnes se sont construit une carapace de défense pour ne pas paraître trop affectés aux yeux des autres rescapés. Dans le cas contraire, c'est le silence qu'on vous oppose, un silence éloquent à travers lequel l'ampleur du séisme est vite saisie et ses conséquences plus ou moins évaluées. C'est du moins ainsi qu'on s'est comporté devant nous à notre arrivée à Zemmouri-ville où les ravages causés par la secousse défie tout ce qu'on peut imaginer comme dégâts.


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