À l'occasion des 186 ans d'indépendance du Brésil, Son Excellence l'ambassadeur Sérgio França Danese nous a adressé une contribution dont nous publions de larges extraits. Les Brésiliens commémorent, ce 7 septembre 2008, le 186e anniversaire de leur Indépendance. Cette journée ravive dans les cœurs des Brésiliens à l'étranger le souvenir de leur patrie lointaine qui continue de lutter pour consolider cette Indépendance acquise le 7 septembre 1822, après trois siècles de régime colonial. Car, s'il y a une conviction enracinée dans les cœurs des Brésiliens tout au long de leur vie souveraine, c'est que l'Indépendance n'est pas un acquis qui porte une date, mais un processus de construction continu… Construction, tout d'abord, d'une identité nationale, forgée dans la conquête d'un vaste territoire, dans les luttes contre l'envahisseur, français puis hollandais, aux XVIe et XVIIe siècles, dans la révolte contre l'exploitation mercantiliste de l'ancienne colonie et dans la conscience accrue du poids insupportable d'un statut colonial qui nous condamnait à la servilité… Construction, ensuite, d'une vraie souveraineté basée sur l'intégralité du territoire national, défini en paix par le moyen de traités ou de sentences arbitrales qui ont pérennisé, à partir de 1909, nos frontières avec 10 voisins contigus (dont la France, par rapport à la Guyane)… Construction d'institutions politiques et sociales à même de garantir la participation de toute la société dans ce processus de vraie indépendance et surtout à affranchir les couches les plus pauvres, héritières des déséquilibres et injustices créés par l'esclavage et le système colonial, du poids de leurs souffrances dans la faim, l'ignorance, la marginalité, le désespoir… Construction, finalement, d'une souveraineté économique, par le biais d'un développement durable ancré sur une forte base nationale et des politiques d´Etat de longue durée – le développement de la sidérurgie, la création de Petrobras, de l'Institut technologique de l'aéronautique (qui est à l'origine de la création d'Embraer, aujourd'hui le troisième avionneur mondial), de Embrapa, l'entreprise brésilienne de recherches agricoles (responsable en grande partie du succès de l'agrobusiness brésilien et du développement agricole du Nord-Est brésilien, jadis terre de sécheresse et d'émigration), et bien d'autres exemples, dont, en particulier, celui de notre programme de l'éthanol combustible… Nouveau symbole d'indépendance, le programme brésilien des biocarburants, en particulier l'éthanol de canne à sucre, est destiné à opérer une révolution énergétique – et aussi environnementale – dans un pays qui a particulièrement senti, déjà dans les années 1970 avec le premier choc du pétrole, le besoin de diversifier ses sources d'énergie, comme garant de sa souveraineté et gage de son développement, et qui en a les moyens. En même temps, jamais le Brésil n'a été plus engagé dans l'exploration et l'exploitation de ses hydrocarbures, avec d'excellents résultats et la conviction que c'est dans la diversité des sources d'énergie que se trouve l'avenir. La réalité nouvelle et durable des biocarburants, au Brésil, comme il se pourrait ailleurs, fait partie d'une vraie construction de l'Indépendance. Une Indépendance qui, néanmoins, ne sera jamais complète si elle n'engage pas un vrai partenariat de partage et de coopération avec les pays qui nous ressemblent de par leur histoire et par leur défis – dont, naturellement, et parmi les premiers, l'Algérie, qui a tant brigué sa propre Indépendance… Voici donc la tâche qui nous incombe à tous les Brésiliens lorsque nous commémorons le 7 septembre : célébrer l'Indépendance par des faits, par des acquis qui la consolident, par des actions qui nous rappellent, chaque jour, qu'un lointain 7 septembre 1822, des gens courageux nous ont légué un pays libre, certes, mais qu'il nous incombe de garder comme tel. * Ambassadeur du Brésil en Algérie depuis novembre 2005.