Le calme est revenu hier dans le quartier de Dergana, commune de Bordj El-Kiffan. Pas de traces des pneus brûlés ou encore des jets de pierres qui se sont abattus la veille sur le marché illicite de ce quartier, qui a été le théâtre de violentes émeutes. La délocalisation forcée du marché ambulant du quartier de Dergana a été le détonateur de l'explosion de la colère des commerçants, nourrie par le désespoir de retrouver un emploi stable. De jeunes vendeurs, ainsi que des habitants du quartier s'en sont pris à plusieurs locaux privés, aux véhicules ainsi qu'aux policiers venus les déloger. Les habitants du quartier ont été contraints de rester chez eux pendant ces affrontements qui ont commencé à 8 heures du matin et qui se sont terminés vers midi avec l'arrivée du vice-président de l'APC qui a pu les rassurer en leur offrant un délai de quinze jours avant d'être définitivement délocalisés. Aucun blessé n'a été enregistré mais des dizaines d'émeutiers ont été arrêtés puis relâchés hier matin. “Dites-nous quoi faire ? Cela fait plus de 5 ans qu'on travaille normalement dans ce marché et du jour au lendemain, on nous envoie les éléments de la Sûreté nationale pour nous délocaliser sans préavis. Où allons-nous partir ? Comment ferons-nous pour subvenir aux besoins de nos familles ?” s'indigne un commerçant. Nos interlocuteurs nous expliquent qu'après la visite des autorités locales, le calme est revenu dans la cité. Les habitants se sont même mis à réparer les dégâts. “Une fois le calme revenu, nous avons nettoyé le quartier et ramassé tous les tas de pierres afin de réinstaller nos étals”, précise un autre marchand. On apprend également que cela fait des années que ces commerçants sont dans cette situation. Ils ont revendiqué à maintes reprises aux autorités des étals dans le marché communal, mais aucune réponse ne leur a été donnée. “Un nouveau marché a été récemment construit et les étals ont été attribués à des commerçants qui ne résident même pas dans ce quartier. Il y a même certains qui ont sous-loué leurs étals alors que nous n'avons rien eu. On espérait tous avoir un commerce stable et payer nos impôts, et aujourd'hui on nous vire de notre quartier sans nous donner de solution alternative", s'insurge un vendeur. Aujourd'hui, même si le quartier semble reprendre son calme, les marchands n'arrivent toujours pas à décolérer. Ils se posent la question de savoir si une fois le délai de l'APC expire, quel sera leur avenir. En attendant, ils menacent d'aller vers d'autres actions si les autorités locales persistaient dans leurs décisions. N. A.