Le contrôle et la régulation du champ économique deviennent une priorité nationale. Le contrôle des sociétés et établissements soumis à l'obligation de publicité légale de leurs comptes sociaux a révélé l'absence de localisation de près de 30 000 sociétés commerciales et a entraîné des procédures judiciaires de retrait de registre du commerce et poursuites contre plus de 20 000 parmi elles. C'est ce qui ressort du compte rendu de l'audience du président de la République consacrée au secteur du commerce. “Le bilan présenté par le département du Commerce met en évidence les dysfonctionnements en matière de non-respect des lois et des droits d'autrui, ce qui est aussi un des legs de la douloureuse tragédie subie par l'Algérie durant laquelle l'Etat mobilisait ses capacités pour la protection des citoyens contre les affres du terrorisme”, indique le chef de l'Etat. Le président de la République constate aussi que “bon nombre d'agents économiques tentent de transformer la libéralisation des activités économiques et commerciales en véritable situation de non-droit, et en abusent honteusement par la fraude dans les affaires et le commerce”. Dans le bilan présenté par le ministre du Commerce, il est fait état d'une augmentation inquiétante de nombre d'infractions. Le nombre d'infractions constatées est passé de plus de 115 000 pour l'année 2007 à près de 100 000 pour le seul premier semestre de l'année 2008, alors que les poursuites judiciaires engagées par les pouvoirs publics, qui étaient de près de 110 000 pour 2007, dépassaient déjà 80 000 pour les six premiers mois de l'année en cours. Du coup, le premier magistrat souligne “la nécessité pour l'Etat d'ériger le contrôle et la régulation du champ économique, y compris le commerce, en véritable priorité nationale”. D'autant que le soutien de l'Etat au bénéfice du citoyen s'est sensiblement accru l'année dernière, et cette année, du fait de la flambée des prix de certaines denrées sur le marché international. Il en est ainsi pour la matière importée en vue de la production de lait, soutenue à près de 150% de son prix sur le marché mondial. C'est également le cas du blé tendre livré à 2 280 DA le quintal, alors que son prix a atteint 3 000 DA sur le marché mondial, ce qui a maintenu le prix de la farine fournie aux boulangers à 2 000 DA le quintal. En outre, le soutien de l'Etat a été étendu dès le 1er janvier 2008 au blé dur livré à 2 280 DA aux minoteries, alors que son prix international est plus de deux fois plus élevé. Cela a permis de ramener le prix de la semoule entre 3 600 et 4 000 DA le quintal, selon la qualité, après que son prix a atteint et même dépassé les 6 000 DA en 2007. “Cependant, l'impact de ces efforts est amoindri par les fraudes qui entachent l'activité économique et singulièrement le commerce, ainsi que par le laxisme qui nuit au crédit et à l'action des services de contrôle, et toute cette situation doit impérativement changer”, souligne le président de la République. L'effort de compensation des prix des produits de première nécessité sera maintenu pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens. Le chef de l'Etat a chargé le gouvernement de veiller pour que le programme quinquennal 2009-2014 prenne en charge la réalisation d'un réseau de marchés de distribution d'envergure nationale, régionale, locale et même de proximité. 50 marchés de gros, 838 marchés de détail couverts et 1 000 marchés de proximité ainsi que le renforcement des capacités de stockage, notamment sous froid, sont programmés. Le président Abdelaziz Bouteflika a, par ailleurs, instruit le gouvernement de développer la régulation des maraîchages agricoles pour briser les comportements spéculatifs ciblant les agriculteurs et les citoyens consommateurs. “La régulation du marché des produits agricoles, et à l'avenir des viandes, doit être assumée par les pouvoirs publics. L'Etat engage annuellement près de un milliard de dollars en soutien à l'agriculture pour développer la production, améliorer les conditions de vie des fellahs, mais aussi dans le but d'avoir des résultats sur le coût de la vie au profit de toute la population”, a indiqué le premier magistrat du pays. C'est pourquoi, la régulation de la distribution des produits agricoles de base est inscrite parmi les objectifs majeurs du soutien public à l'agriculture. Synthèse M. R.