L'affaire de la concession gratuite des plages au niveau de la commune de Boumerdès commence à avoir un parfum d'un véritable scandale. Le manque à gagner est estimé entre deux et trois milliards de centimes. Plus de trois cents concessionnaires et commerçants exerçant différentes activités ont travaillé “gratuitement” au niveau des six plages autorisées à la baignade durant la saison estivale. Le manque à gagner est estimé entre deux et trois milliards de centimes. Une somme dont l'APC avait grandement besoin, du moins pour payer les frais de l'entretien des plages. Mais l'assemblée communale a eu recours à l'argent du contribuable pour payer les entreprises de nettoyage qui ont plutôt brillé par leur absence durant toute la saison estivale, comme l'atteste un rapport de la direction du tourisme. On estime à plus d'un milliard de centimes dépensés cette année par l'APC pour l'entretien de ses plages. Parmi les commerçants ayant bénéficié de ce cadeau inattendu figurent les concessionnaires des parkings qui, eux, étaient intraitables avec les estivants en leur imposant des droits d'accès à la plage à cinquante dinars. C'est une véritable aubaine pour ces concessionnaires, à l'exemple de celui de la plage de Boumerdès centre qui a disposé, aux frais de la princesse, d'un parking entièrement bitumé d'une surface de plusieurs hectares. Pourtant, un rapport de la direction du tourisme a été envoyé le 29 juin 2008 à toutes les autorités attirant leur attention sur cette affaire de “concession gratuite” mais aussi sur l'état désastreux des plages de la commune de Boumerdès et l'anarchie totale qui y régnait. Mais la situation est restée en l'état malgré une mise en demeure envoyée par le wali de Boumerdès le 2/07/2008 aux autorités locales leur demandant de “se conformer à la réglementation et de prendre en charge les insuffisances signalées”. Interrogé sur cette affaire, le président de l'APC de Boumerdès a imputé cette situation à la direction du tourisme de cette ville. “Le cahier des charges de la concession des plages devait nous parvenir à l'avance, ce qui n'est pas le cas”, affirme le P/APC. “Tous les dossiers des concessionnaires ont été envoyés à la wilaya pour être examinés par une commission mise sur pied au niveau de la wilaya, sans résultat”, ajoute M. Sarni qui admet qu'un milliard de centimes a été investi par la commune pour le nettoyage des plages. La directrice du tourisme réfute les propos du P/APC en affirmant que les APC ont été invités, au cours des différentes réunions tenues au siège de la wilaya, à préparer les dossiers des concessionnaires. “Malheureusement, il n'y a que l'APC de Boumerdès qui ne s'est pas manifestée”, indique la directrice, qui ajoute qu'une mise en demeure a été adressée par le secrétaire général de la wilaya au P/APC de la commune le 21 juin 2008, lui demandant de déposer les dossiers des commerçants et concessionnaires pour les besoins des enquêtes. “Mais, contrairement à toutes les APC côtières, celle de Boumerdès a déposé tardivement, soit fin juin 2008, les dossiers et, en plus, ils étaient incomplets”, affirme la responsable du tourisme qui précise que les dossiers ont été finalement déposés avec deux mois de retard, soit fin juillet 2008. La directrice nous exhibe, preuves à l'appui, les différentes correspondances adressées à l'APC, lui demandant de relever les anomalies. Elle nous a fait un rapport illustré avec des photos daté du 29 juin qui met en exergue l'état catastrophique des plages où les constructions illicites disputent la place aux décharges sauvages et autres saletés. Le mois d'août a vu l'absence du P/APC, en congé annuel, et de trois de ses vice-présidents, partis à la omra. Le dossier est resté en suspens. Ainsi, le non-empressement des élus locaux et leurs atermoiements à déposer les dossiers à temps ont été interprétés par certains responsables comme “une volonté à donner en concession ces plages suivant la formule qu'ils ont toujours adoptée”. Et ils en veulent pour preuve l'immobilisme et la non-réaction de l'APC et de tous ses élus à récupérer, même avec beaucoup de retard, au moins une partie de l'argent des concessionnaires des parkings. Juste de quoi payer les dus de la Sonelgaz, estimés à neuf millions de dinars, ceux de l'Epeal et des P et T, estimés à plus de cinq millions de dinars, ou d'autres créances dont le montant s'élève à plus de cinq milliards de centimes. Quel gâchis ! M. T.