Rien ne va plus entre les Latinos et leur voisin américain. Bush va partir et avant de passer le flambeau à son successeur, il met le feu en Bolivie et, par ricochet, au Venezuela, deux pays hostiles à l'ordre américain. Après le rappel des ambassadeurs des Etats-Unis de la Paz et de Caracas et de ceux américains dans ces deux pays d'Amérique latine, la situation a dégénéré en Bolivie où a été décrété la loi martiale dans la région amazonienne de Pando. Au moins, quinze personnes sont mortes en marge de violentes manifestations antigouvernementales. Selon des médias locaux, des soldats auraient ouvert le feu sur des manifestants qui occupaient l'aéroport de Pando et repris le contrôle du lieu. Les forces armées se sont refusées à commenter ces informations. Les manifestants continuaient d'ériger des barricades dans l'Est, provoquant des pénuries de carburant et de nourriture à Santa Cruz, ville dirigée par l'opposition. Selon le gouvernement, une trentaine de bâtiments publics ont été détruits ou incendiés. Les policiers et soldats, envoyés à Santa Cruz pour protéger les installations gazières, se sont tenus à l'écart des rues où ils ont été pris pour cible. Avant de passer à la loi martiale, le président bolivien, un Amérindien, a tenté de trouver un accord avec ses quatre gouverneurs de l'opposition régnant en maître absolu sur les régions les plus riches du pays et habités en majorité par des blancs. Seul le gouverneur de la province gazière de Tarija a accepté de rencontrer Morales ! Morales, qui a remporté en août un référendum sur son maintien au pouvoir, fait face à une contestation grandissante de ses projets de révision de la Constitution pour se représenter une seconde fois consécutive et redistribuer des terres agricoles en faveur des Indiens natifs. Les gouverneurs d'opposition revendiquent davantage l'autonomie pour leurs régions de l'est du pays, riches en ressources naturelles, et accusent Morales d'être à l'origine des violences et sabotages de gazoduc qui ont plongé le pays dans le chaos. De son côté, Morales, premier président indien et proche allié du chef de file de la gauche sud-américaine, le Vénézuélien, Hugo Chavez, affirme que l'opposition est influencée par l'ambassadeur des Etats-Unis, qu'il a expulsé la semaine dernière. Washington a répliqué en renvoyant son représentant et le département d'Etat a rappelé les personnels américains non essentiels en Bolivie. Les dirigeants d'Argentine, du Brésil, d'Equateur et du Pérou ont apporté leur soutien à Morales. Chavez a pour sa part assuré qu'il défendrait son allié par tous les moyens, y compris militaire, et a également expulsé l'ambassadeur des Etats-Unis, ouvrant une nouvelle page de la crise diplomatique entre les deux pays. Le président vénézuélien, qui ne porte pas dans son cœur l'administration américaine, a même utilisé un langage pas du tout diplomatique pour expulser, en signe de solidarité avec Morales, l'ambassadeur américain à Caracas : “Allez au diable,Yankees de merde, nous sommes un peuple digne”, menaçant d'une intervention militaire si Morales venait à être renversé par la force et de suspendre les livraisons de pétrole brut vénézuélien vers les Etats-Unis qui avaient déjà tenté de le renverser en 2002. Tout porte à penser qu'avant de remettre les clefs de la Maison-Blanche, le président Bush veut engager son pays dans un bras de fer avec ses voisins après avoir rouvert la guerre froide avec la Russie. Moscou doit organiser prochainement des exercices aéronavals avec l'armée vénézuélienne, à un jet de pierres des Etats-Unis ! D. B.