La traditionnelle fête de l'Humanité à La Courneuve (France), rentrée politique du Parti communiste français et rendez-vous obligé de la gauche française, se déroule dans un climat de morosité qui en dit long sur une opposition française en pleine crise. Sarkozy est passé par là. Son ouverture sur la gauche a fait des dégâts incommensurables chez les socialistes, le premier parti de l'opposition. Le PS miné par la guerre de ses “éléphants”, tous piaffant d'impatience pour succéder au premier secrétaire François Hollande, a les yeux rivés sur le congrès devant désigner le nouveau patron, candidat aux présidentielles de 2012. Marie-George Buffet, la numéro un du PCF, ne sait plus quoi faire pour arrêter la descente aux enfers des communistes, également divisés. Idem pour Cécile Duflot des Verts dont le Grenelles écologique de Sarkozy a taillé dans les croupières. Les trois dirigeants se sont retrouvés non pas pour constituer une coalition contre le sarkozisme mais pour constater leurs divergences au nom de leur identité réciproque. Leurs militants de base sont désespérés par leurs incantations à “une gauche rassemblée”. La gauche plurielle est bel et bien enterrée. L'événement aura été l'absence d'Olivier Besancenot de la LCR. Mme Buffet a ironisé : “Il peut passer par là mais j'ai l'impression qu'il a un problème avec le courrier !” Besancenot se concentre sur le lancement, en janvier, de son nouveau parti anticapitaliste, espérant recomposer le paysage à la gauche de la gauche, récupérant les déçus du PS, du PCF et des Verts. À la satisfaction de Sarkozy, qui y voit une nouvelle pièce dans la décomposition de la gauche et qui a dépêché des représentants de l'UMP. Reste que l'absence du facteur emblématique a fait l'événement : tandis qu'Hollande, Buffet et Duflot jurent l'avoir invité, Besancenot dit : “Ce n'est pas vrai !” “Il joue les divas, il se prend la grosse tête”, a lancé, très remontée, la secrétaire nationale du PCF. Heureusement que la fête est également un rendez-vous festif. La fête de l'Humanité se tient chaque année pour commémorer le quotidien communiste fondé en 1904 par Jean Jaurès. Le journal est au plus mal financièrement, après avoir vendu son immeuble. L'Humanité a lancé une souscription et table sur le succès jamais démenti de sa fête, pour remonter la pente. D. B.