“L'Etat devra impérativement encourager la formation de champions nationaux qui entraîneraient derrière eux un vaste tissu de PME”, a plaidé, lundi, dans la soirée, Mourad Preure, professeur de stratégie et géopolitique et président de la commission stratégie du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME, un débat sur les PME algériennes face aux défis de l'intelligence économique. Ces champions nationaux, explique M. Mourad Preure, sont déjà les grandes firmes publiques et privées qui se signalent par leur taille et leurs ambitions stratégiques. Ils peuvent aussi émerger de réseaux de PME constitués sur une base régionale ou par filière. Ils peuvent aussi naître d'une action coordonnée par l'Etat pour regrouper des entreprises privées et publiques opérant dans la même filière ou activité et les porter vers la taille critique. “Ces réseaux ou regroupement ne sont pas forcément fondés à l'origine sur des liens de capital, mais peuvent constituer la matrice des futurs industriels”, propose l'expert en stratégie. “Le retour du patriotisme économique est une tendance lourde”, affirme M. Mourad Preure, estimant que les multinationales s'implantent dans un pays dans le but de renforcer leur position concurrentielle au niveau mondial, mais aussi parfois dans une logique spéculative pour en tirer un profit rapidement monnayable et quittent ce pays dès que leur intérêt le leur dicte. “Il est impossible pour le pays en question de fonder sa stratégie industrielle sur les stratégies de ces firmes”, indique le président de la commission stratégie du Conseil national consultatif, relevant l'évolution économique internationale de plus en plus compétitive, de plus en plus complexe et erratique et de plus en plus imprévisible. “La maîtrise de l'information devient l'enjeu clé. Voilà pourquoi, plus qu'un effet de mode, l'intelligence économique devient une impérieuse nécessité”, souligne M. Mourad Preure. L'intelligence économique qui doit être l'objet d'une politique publique, notamment dans le cas de l'Algérie, nécessite, pour sa réussite, une “action vigoureuse de modernisation menée sous la haute supervision de l'Etat en s'inspirant des expériences, sud-coréenne et asiatiques en générale afin de servir de levier à l'expansion des entreprises algériennes”, estime l'expert. “Il est bien clair ici qu'à l'instar de ce qui se fait ailleurs dans le monde, particulièrement dans les grands pays industrialisés, l'action de l'Etat doit être volontariste et déterminé”, précise le président de la commission stratégie du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME. C'est que pour M. Mourad Preure, la mondialisation entraîne un nouveau paradigme de la souveraineté, fondée sur l'innovation et la compétitivité internationale des acteurs économiques et sociaux. “Mondialiser sa politique économique pour un Etat consiste à disposer d'entreprises évoluant à un standard de performance et de compétitivité internationale, soit des champions nationaux entraînant derrière eux un foisonnement de PME innovantes, agiles et conquérantes, appuyées par des universités et une recherche de standard international”, souligne l'expert. “La puissance des Etats repose aujourd'hui sur la puissance des firmes et tout Etat a aujourd'hui comme priorité d'encourager l'émergence de champions nationaux. Faute de quoi il compromet gravement sa souveraineté”, ajoute M. Mourad Preure insistant sur la nécessité pour l'Algérie, notamment dans certains secteurs comme les banques et les télécommunications, de s'appuyer sur des entreprises locales et non étrangères. Le professeur de stratégie et géopolitique souligne que “les compétences existent en Algérie, il suffit de libérer les énergies”. M. Mourad Preure indiquera que le CNC- PME va s'atteler à travers les ateliers du changement à faire émerger ces nouveaux concepts. De son côté le président du Conseil économique est social annonce que le rapport, qui interroge les politiques publiques en matière d'économie fondé sur la connaissance, sera remis prochainement au gouvernement. M. Mohamed Seghir Babès annonce, aussi, l'organisation d'une conférence de presse après l'Aïd pour présenter la situation sociale et économique de 2005 à 2007 ainsi que la note de conjoncture du 1er semestre 2008. Meziane rabhi