Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que l'Algérie et le Soudan appuient la dernière initiative de la Ligue arabe et de l'Union africaine pour le règlement du conflit au Darfour. L'Algérie s'est, de nouveau, illustrée par son soutien au régime de Khartoum dans sa crise avec la Cour pénale internationale (CPI). En recevant l'envoyé spécial du président Omar El-Bachir, le président Bouteflika a confirmé le rejet par l'Algérie de “l'initiative très malheureuse” du procureur du CPI, selon l'expression du chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci. Mieux encore, l'Algérie soutient également la démarche du Soudan consistant à saisir le Conseil de sécurité de l'ONU, pour geler la procédure du CPI consistant à établir un mandat d'arrêt contre le président soudanais, et ce “pour que la justice soit rétablie à l'endroit du Soudan et son peuple et de son président”, selon Mourad Medelci. Le chef de la diplomatie algérienne a également indiqué que l'Algérie et le Soudan appuient la dernière initiative de la Ligue arabe et de l'Union africaine pour le règlement du conflit au Darfour. Justement, cette question sera débattue lors de l'assemblée générale de l'ONU. Le soutien d'Alger à Khartoum, notamment dans sa crise avec le CPI, suscite plusieurs interrogations, sachant que l'Algérie est l'un des rares pays à adopter une telle position et sachant que, par le passé, en pleine crise sécuritaire, l'Algérie accusait justement le Soudan d'encourager les extrémistes algériens au point de rompre les relations diplomatiques avec Khartoum. Coïncidence de l'histoire ? Ou real politik ? C'est le même scénario qui se produit avec l'Iran. La dernière visite du président Bouteflika à Téhéran et le soutien d'Alger au programme nucléaire iranien, au moment où la pression occidentale ne cesse de grandir, a de quoi étonner, à première vue. À première vue seulement, car à y voir plus clair, l'on se rend compte que l'Algérie joue un rôle de médiateur entre Téhéran et l'Occident pour parvenir à un règlement pacifique du différend qui les oppose au sujet du programme nucléaire iranien. Est-ce le même rôle de médiateur qu'est en train de jouer l'Algérie dans le conflit du Darfour ? Fort probable, d'autant plus que toutes les médiations annoncées en grandes pompes et tous les accords de paix signés ça et là, entre les factions rebelles et le gouvernement soudanais sont restés lettres mortes. Alger a-t-il été sollicitée pour jouer un rôle de médiateur secret ? Si tel était le cas, comment pourrait-il entreprendre son action, au milieu d'une foule de missions de “bons offices” qui s'agitent autour du drame du Darfour ? Il est des situations où la discrétion reste la meilleure arme des diplomates. C'est un domaine où excellent les Algériens. Comme ce fut le cas lors de la libération des otages américains en Iran, ou encore la prise en charge de la vente du pétrole irakien durant les années d'embargo, ou encore l'approvisionnement de la Libye pendant l'embargo. Des missions couronnées de succès, mais dont les dividendes ne sont, hélas, pas perceptibles. D'où les interrogations présentes sur le rôle joué par la diplomatie algérienne dans les crises soudanaise et iranienne, avec tout le passif chargé entre ces deux pays et l'Algérie, durant les années 90. En fait, dans la real politik, les choses se passent autrement que lorsqu'il s'agit d'affirmer haut et fort des positions de principe. L'épisode de l'Iran Gate est la meilleure illustration de la différence entre ce qui se dit et ce qui se fait. Azzeddine Bensouiah