La position des Soudanais derrière l'équipe nationale algérienne à l'occasion de cette confrontation footballistique face à l'Egypte trouve son explication dans les excellentes relations politiques entre Khartoum et Alger, dont l'aide au régime d'El-Béchir dans le conflit du Darfour et du Sud-Soudan est très appréciée, sans oublier que les Cairotes ont soutenu les Tchadiens lors du match Tchad-Soudan au Caire en 2008. L'Egypte a-t-elle fait le mauvais choix en choisissant le Soudan pour accueillir le match d'appui contre l'Algérie dans le cadre des éliminatoires jumelées de la Coupe d'Afrique des nations et du Mondial 2010 ? Tout indique que c'est le cas, car les responsables soudanais n'ont pas la mémoire courte. En effet, une analyse des relations égypto-soudanaises et algéro-soudanaises montre que le courant passe beaucoup plus entre Alger et Khartoum qu'entre le Caire et Khartoum. Outre le volet politique, il y a également le côté sportif, dans lequel les Egyptiens n'ont pas non plus été solidaires avec les Soudanais. Ces derniers n'ont pas oublié le soutien apporté par les spectateurs cairotes à l'équipe tchadienne, dans le match retour délocalisé par la CAF l'ayant opposé dans la capitale égyptienne à son homologue soudanaise. Les spectateurs égyptiens ont beaucoup applaudi le but égalisateur tchadien au stade de l'Académie militaire, où avait eu lieu la rencontre en septembre 2008. Les Soudanais comptent bien leur rendre la monnaie de leur pièce à l'occasion de cette confrontation algéro-égyptienne en soutenant à fond les coéquipiers de Karim Ziani. Outre cela, il y a lieu de faire remarquer que l'Algérie s'est toujours montrée solidaire avec le Soudan lorsque ce dernier s'est retrouvé acculé sur la scène internationale, notamment dans les conflits du Darfour et du Sud-Soudan. Les autorités algériennes se sont rangées du côté du régime d'Omar Hassan El-Béchir sur la scène internationale et se sont interposées comme médiateurs lors des négociations entre les séparatistes du Sud-Soudan menés par le général John Garang. Idem dans le conflit du Darfour, où Alger, qui s'abstenait généralement d'intervenir dans ce genre de situations, a mis à la disposition de l'Union africaine des avions militaires cargos pour transporter les soldats des forces africaines d'interposition dans le but d'éviter au maximum une plus grande internationalisation de cette crise. Il ne fait aucun doute que cela a été très apprécié à Khartoum. Il y a également l'affaire de l'inculpation du président soudanais par le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), l'Argentin Moreno Ocampo, pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour, qui a vu l'Algérie dénoncer la décision de la CPI. Alger ne reconnaît pas l'arrêt de la CPI et refuse de coopérer avec elle pour une éventuelle arrestation d'Omar Hassan El-Béchir pendant ses déplacements à l'étranger. Et là, aussi, le gouvernement soudanais n'a pas caché sa satisfaction. Par contre, l'Egypte officielle est restée muette dans les deux conflits, n'apportant aucun soutien à Khartoum. Donc, les autorités soudanaises n'attendent rien du Caire, mais comptent par contre sur la solidarité de l'Algérie dans les moments difficiles. Elles ont eu à le vérifier par le passé, d'où cette prédisposition des Soudanais à sympathiser avec l'Algérien et à lui venir en aide. Et dire que la désignation, par tirage au sort, de Khartoum par la Fédération internationale de football association (Fifa) pour abriter ce match d'appui a été accueillie avec une certaine appréhension par les Algériens. Mais, il suffit d'une petite analyse de la situation géopolitique et sportive pour se rendre compte que les Verts ne pouvaient trouver meilleur soutien en terre étrangère qu'au Soudan. Tant mieux, si cela peut contribuer à mettre à l'aise les camarades de Rafik Saïfi demain dans cette ultime bataille pour arracher le billet qualificatif pour Johannesburg.