Excès de centralisation de la gouvernance, organisation économique peu efficace, faiblesse managériale et institutionnelle du système bancaire et une croissance extensive sont entre autres points relevés d'un diagnostic sur l'économie nationale exposé hier par des experts au forum «El-Moudjahid» à Alger. Excès de centralisation de la gouvernance, organisation économique peu efficace, faiblesse managériale et institutionnelle du système bancaire et une croissance extensive sont entre autres points relevés d'un diagnostic sur l'économie nationale exposé hier par des experts au forum «El-Moudjahid» à Alger. Selon Abdelhak Lamiri, expert économique et président directeur général de l'Institut international de gestion et de management (INSIM), la politique économique nationale connaît plusieurs failles et nécessite un diagnostic profond suivi d'un ensemble de mesures stratégiques versant dans un processus de rattrapage immédiat. «Tout n'est pas perdu mais le temps presse. Il faut procéder à un constat d'échec, évaluer les raisons de cet échec, débattre des propositions et prendre des décisions judicieuses», a-t-il affirmé lors d'une rencontre débat sur le thème de ré-ingineering de l'économie algérienne et son adaptation aux changements économiques et géopolitiques qui bouleversent le monde. L'expert a fait, en somme, un diagnostic pessimiste quant au développement de l'économie nationale en général et celui de la productivité hors hydrocarbure en particulier. Il s'agit, selon lui, d'une croissance économique «extensive» bien qu'elle soit évaluée à 6%, d'une évolution négative et inefficace de la productivité de l'ordre de moins de 1% par année, d'un faible taux de PIB consacré à la recherche (0,3% alors qu'il faut 5%) et d'un nombre insuffisant d'entreprises ce qui freine l'absorption efficace du chômage. «Nous avons 450 000 entreprises économiques et on crée une moyenne de 70 entreprises par an ce qui ne suffit pas alors que nos voisins ont dépassé les 1,5 million d'entreprises et créent 350 nouvelles par an», dira-t-il. Tout en reconnaissant «quelques décisions judicieuses en matière économique dont le paiement de la dette extérieure, le gel de l'opération de privatisation et le financement de quelques infrastructures stratégiques», le patron de l'INSIM a estimé que «le processus n'avance pas». Il affirme, par là même, que «de 2000 à 2014, le pays aura dépensé 500 milliards de dollars en plans de relance supplémentaire». Pour sa part, M. Goumiri, un autre expert en économie, a exprimé sa quiétude quant à la situation actuelle de l'économie nationale qui, selon lui, varie entre «stagnation, dégradation et recul avec des schémas de développement qui ont tous montré leurs failles d'où la nécessité d'effectuer une rupture brutale immédiate avec la gouvernance actuelle», a-t-il affirmé. Et d'appeler à ne pas «gaspiller les ressources dans un développement non durable». L'intervenant a de même estimé qu'il s'agit d'une responsabilité collective qui doit penser à des solutions efficaces dont la décentralisation du pouvoir de décision, l'établissement d'un partenariat public/ privé, la réforme du système éducatif afin de produire des diplômés mieux qualifiés et rappeler les cadres algériens se trouvant à l'étranger ainsi que le développement des grandes exploitations industrielles. Radia Zerrouki