«Est-ce que vous avez vu tous ces gens qui se trouvent à Bab Al-Aziziya malgré les raids ? Comment allez-vous vaincre ce peuple ?» a lancé Seif Al Islam Gueddafi à l'adresse de la coalition internationale suite aux frappes aériennes de l'Otan contre Bab Al-Aziziya faisant près de 50 blessés dont 15 dans un état jugé grave. L'intensification des frappes aériennes de l'Otan sur Bab El Aziziya et sur d'autres lieux de la capitale libyenne intervient juste après la visite de l'ex-candidat à la présidentielle américaine, Johon Mc Caine à Benghazi, à l'est libyen et l'envoi par les Etats-Unis de drones américains, avion sans pilote en soutien aux opération de l'Otan dans la crise libyenne. De nouvelles donnes coïncidant aussi avec le retrait des forces militaires du régime libyen de la ville de Mesrata ainsi que l'envoi d'experts militaires, italiens, anglais et français en soutien aux opérations militaires de l'opposition libyenne, représentée par le Conseil national de transition (CNT) . Sur le plan politique, le rythme de l'ensemble des actions militaires aériennes ou terrestres en Libye a été au centre des propos tenus par John McCain à l'issue de ses entretiens avec les membres du CNT. Déclarant avant les frappes précitées de l'Otan sur Bab –El Aziziya que «le statu quo» sur le plan militaire «privilégie une éventuelle exploitation de la situation par les membres d'El Qaïda», selon John McCain, celui-ci invite l'Otan et les USA «à intensifier leurs opérations militaires». Soulignant à ce propos «tant que les opérations militaires perdurent ceci est au profit d' El Qaïda», a indiqué le sénateur John McCain. S'agissant du cours des évènements en Libye, le communiqué émis par l'Otan dimanche avertissait les civils libyens de prendre leurs précautions car les frappes de drones de type «Prédator» vont se poursuivre accentuantd'ores et déjà les risques de pertes en vies humaines. Ceci est plus à craindre au vu des conséquences induites par les frappes des drones américains sur les frontières pakistano-afghanes causant des victimes civiles. L'Otan dans son communiqué a indiqué que «nous demandons aux civils dans les régions touchées de s'éloigner des forces du régime, des installations et de l'équipement (militaire)» en précisant «quand c'est possible, afin que nous puissions frapper avec un plus grand succès et avec le risque minimum pour les civils». Ce qui ouvre une autre voie où s'alourdira davantage la liste des victimes libyennes depuis le début des hostilités militaires en Libye. Si l'Otan évoque un «risque minimum» de toucher les civils, il y a toujours le risque potentiel de faire des victimes civiles par les frappes des drones américains ou par l'aviation militaire de l'Otan. A ce titre, il est à rappeler pourtant que la rédaction du projet de résolution et son adoption par le conseil de sécurité (résolution 1973) était par souci de protéger les civils libyens, objectif non atteint à ce jour au vu de l'effusion du sang libyen qui perdure via les combats et les frappes aériennes de l'Otan. Une approche politique promue par certaines puissances sur la scène internationale qui depuis ne cesse de susciter des interrogations quant aux visées réelles recherchées par l'adoption de la résolution 1973. Par ailleurs, l'intensification des frappes aréiennes de l'Otan intervient au moment où certains efforts d'acteurs et d'organisations de par le monde sont consentis pour asseoir la perspective d'un cessez-le-feu de l'ensemble des opérations militaires en Libye. De Pékin à Moscou ou d'Ankara à Addis Abbéba, celle-ci abritant le siège de l'Union africaine appelle les autres acteurs dont l'ONU à peser pour réunir les conditions pour un cessez-le-feu en Libye. A ce propos, il est question aujourd'hui de la rencontre du comité de la paix et de sécurité de l'Union africaine autour de la feuille de route de l'UA sur la crise libyenne. Le chef de la diplomatie russe Sergueæ Lavrov a exprimé hier, à ce propos, la «préoccupation» de Moscou face au rejet par les rebelles libyens de la feuille de route de l'Union africaine (UA) prévoyant un cessez-le-feu pour que le dialogue inter-libyen puisse être entamé entre eux et par eux. Et à Lavrov de déclarer hier : «Nous sommes préoccupés par le fait que l'initiative de l'Union africaine ait été rejetée aussi vite. Il y a lieu de soupçonner que l'état d'esprit peu conciliant des insurgés est attisé par le fait que les Occidentaux et les membres de l'Otan ont pris leur parti ». Karima Bennour