L'Association d'amitié et de solidarité entre les peuples européen et libyen (AMSPL), a déposé une plainte contre la chaîne Al Jazeera auprès de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris pour «incitation au meurtre contre le Colonel El Gueddafi», a annoncé vendredi soir Omar Tahar, secrétaire général de l'association. L'Association d'amitié et de solidarité entre les peuples européen et libyen (AMSPL), a déposé une plainte contre la chaîne Al Jazeera auprès de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris pour «incitation au meurtre contre le Colonel El Gueddafi», a annoncé vendredi soir Omar Tahar, secrétaire général de l'association. Lors d'une conférence de presse à Paris, il a précisé que la plainte introduite contre la chaîne qatarie intervient «en raison de la fatwa prononcée en direct de la chaîne par son invité Cheikh Yousouf El Karadhawi en février dernier, donnant ordre d'assassiner le Guide de la révolution libyenne, le Colonel Mouammar El Gueddafi, sur la base d'informations non vérifiées, rapportées en temps réel à cet invité par les présentateurs et qui par la suite n'ont jamais été vérifiées». L'avocate de l'association, Me Isabelle Coutant Peyre, qui animait conjointement avec Omar Tahar cette conférence de presse a de son côté souligné qu'Al Jazeera, à quelques jours avant l'adoption de la résolution 1973 du Conseil de sécurité, autorisant une intervention militaire contre la Libye, laisse diffuser une fatwa par un imam très populaire dans le monde, demandant à tous les militaires de tuer le Colonel El Gueddafi, n'est rien d'autre qu'une incitation au meurtre du point de vue pénal. «Cheikh El Karadhawi a assez d'expérience pour analyser les informations erronées que lui donnaient les journalistes de la chaîne, il devait être capable de prendre un peu de recul pour décréter instantanément une décision dont il connaît parfaitement la gravité», a-t-elle ajouté. Me Isabelle Coutant Peyre a expliqué aussi, que, sachant que cette chaîne qui émet en France a maintenu sur Internet et rediffusé cette fatwa, «je ne vois pas pourquoi elle n'aurait pas les mêmes responsabilités pénales que n'importe quel autre média et c'est pour cette raison que nous avons procédé par l'article pénal portant «citation directe pour incitation au meurtre, non suivi d'effet». Le problème qui se pose, a-t-elle dit, «c'est que la procédure n'est pas instantanée, car le parquet a la main sur les dates d'audiences et que la première date a été fixée au 4 juillet. Le Colonel El Gueddafi est toujours vivant d'où l'article pénal visé par cette plainte». Exprimant cependant ses craintes, elle a espéré qu'au moment où les débats auront lieu, «on ne va pas opposer à ce dépôt de plainte, le fait que cet article n'est plus valable, car l'objectif de l'armada européenne engagée contre la Libye est précisément de tuer». Elle observe aussi que le parquet qui fixe la date d'audience ne s'est pas précipité pour le faire, estimant que «si l'inverse s'était produit et que El Karadhawi avait prononcé une fatwa contre le président français pour atteinte aux intérêt des musulmans, les procédures seraient allées plus vite». L'avocate de l'association relève également que cette procédure était d'autant plus nécessaire que les évènements qui se déroulent en Libye sont «un scandale absolu», et que leur traitement par la presse française «est le résultat d'un suivisme avéré de décisions politiques». Cette fatwa contre un dirigeant arabe, a-t-elle encore dit, s'inscrit ainsi dans le cadre «d'une violation de la légalité internationale de la Charte des Nations unies par le Conseil de sécurité, alors que le principe sur lequel elle se fonde, est précisément d'éviter la guerre». «Nous ne sommes pas dans un cadre justifié pour une intervention militaire, il n'y a pas eu d'agression à l'égard d'un autre pays et cette armada militaire exceptionnelle par sa dimension a généré des morts par milliers alors qu'elle a eu pour prétexte justement de protéger la population» , a-t-elle encore plaidé. «L'Imam El Karadhawi est responsable de ces propos, mais selon la loi, c'est son diffuseur, en l'occurrence Al Jazeera qui doit répondre de ses actes», a dit cette avocate qui a espéré que par cette procédure, la chaîne «recevra une leçon de déontologie». R. N.