Beaucoup de jeunes errants qui sont en grande majorité des mineurs ayant échappé à l'autorité parentale et à leur protection se retrouvent actuellement face à de multiples dangers. Or, selon certaines recherches faites à Annaba , plus de 300 cas d'enfants en détresse avaient été recensés par les services de la DAS. En matière d'infrastructures spécialisées dans le domaine, il existe seulement quatre centres pour enfants assistés, notamment aux lieux-dits Champ de Mars, Illysa qui possède un centre d'une capacité de moins d'une centaine de petites filles âgées de plus de six ans et dont la majorité sont des jeunes pensionnaires orphelines de naissance. Un troisième centre se situe dans la cité du Pont-Blanc qui compte plus de 40 enfants de moins de 6 ans. Citons également un autre établissement dans la commune d'El Bouni destiné aux sourds-muets pouvant prendre en charge un nombre de 150 enfants âgés de 3 à 14 ans seulement. Le dernier centre - de rééducation pour les mineurs -, situé à El Hadjar, compte pour sa part près de 160 pensionnaires en détention. Malgré les nombreux efforts consentis, il reste encore beaucoup à faire pour satisfaire la demande d'une part, et assumer une prise en charge efficace au profit des personnes en détresse, d'autre part. Les enfants et leurs droits En tout état de cause, l'Assemblée générale des Nations unies avait décidé dans sa résolution 44/25 du 20/11/1989 d'adopter une convention internationale relative aux droits de l'enfant qui comporte 54 articles dont l'article 37 qui stipule : les Etats parties veillent à ce que nul enfant ne soit soumis à la torture ni à des peines ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants : ni la peine capitale ni l'emprisonnement à vie sans possibilité de libération ne doivent être prononcés pour les infractions commises par des personnes âgées de mois de 18 ans. Nul enfant ne doit être privé de liberté de façon illégale ou arbitraire. L'arrestation, la détention ou l'emprisonnement d'un enfant doivent être une mesure de dernier ressort et d'une durée aussi brève que possible. Tout enfant privé de liberté sera traité avec humanité et avec le respect dû à la dignité de la personne humaine et d'une manière tenant compte des besoins des personnes de son âge . En particulier, tout enfant privé de liberté sera séparé des adultes à moins que l'on estime préférable de ne pas le faire dans l'intérêt supérieur de l'enfant. Il a le droit de rester en contact avec sa famille par la correspondance et par des visites sauf circonstances exceptionnelles. Les enfants privés de liberté ont le droit d'avoir rapidement accès à l'assistance juridique ou à toute autre assistance appropriée ainsi que celui de contester la légalité de leur privation de liberté devant un tribunal ou une autre autorité compétente indépendante et impartiale et à ce qu'une décision rapide soit prise. L'article 34 souligne que les Etats parties s'engagent à protéger l'enfant contre toutes les formes d'exploitation sexuelle et de violence sexuelle. A cette fin, les Etats prennent en particulier toutes les mesures appropriées sur les plans national, bilatéral et multilatéral pour empêcher que des enfants ne soient incités ou contraints à se livrer à une activité sexuelle illégale. De même que des enfants ne soient exploités à des fins de prostitution ou autres pratiques sexuelles et enfin que des enfants ne soient exploités aux fins de la production de spectacles ou de matériel à caractère pornographique. Devant cet état de fait les statistiques officielles de la DGSN- « Direction générale de la Sûreté nationale »- font état d'un constat ahurissant et tirent la sonnette d'alarme sur le phénomène qui est notamment causé par une dé- perdition scolaire et par la démobilisation de la famille. Ainsi, plus de 1 300 enfants sont victimes d'abus sexuels en Algérie. Un réel danger qui guette les mineurs exposés majoritairement aux aléas de la rue et aux conséquences pafois tragiques de la violence. Ils sont généralement victimes d'actes relatifs à la pédophilie, l'inceste, les enlèvements et à la pornographie, révèle-t-on. Il va sans dire que le mauvais traitement et les fugues restent la source de tous les dangers qui guettent les enfants.Le nombre de mineurs en danger ou de délinquants est en constante augmentation dans nos villes. Soit, précise-t-on, près de 11 000 mineurs délinquants dont 2 251 avaient été écroués durant ces deux dernières années. La catégorie la plus touchée reste celle, note-t-on, des 16-18 ans. Les principaux délits ou crimes commis par ces jeunes gens sont le vol, les coups et blessures volontaires, la consommation de drogue et d'alcool, la destruction de biens d'autrui. D'autre part le rôle de la famille et son absence totale dans la prise en charge des problèmes rencontrés par leurs enfants mineurs sont quelques-unes des causes les plus connues des cas de délinquance juvénile, indique-t-on au parquet. Des enfants SDF se droguent Nous avons été réellement étonné de rencontrer dans certains quartiers de la ville des SDF en bas âge en train de consommer de la drogue, notamment la plus nocive. Il s'agit de la colle pattex mise dans un sachet en plastique. Notons aussi que ces gamins se shootent au diluant au vu et au su de tout le monde. Les laissés- pour-compte, dont l'âge ne dépasse pas les 14 ans, déambulent, en compagnie parfois de chiens bâtards, dans les ruelles de la wilaya. Nous les avons rencontrés en particulier à la rue du 17-Octobre et dans l'avenue Benboulaïd, deux endroits qui constituent leur Q.G. Ces petits enfants dorment sur des cartons , serrés les uns contre les autres pour se réchauffer. Ces pauvres SDF abandonnés à leur triste sort attendent la tombée de la nuit pour sniffer de la colle Pattex à tour de rôle ou fumer du kif traité. A la question de savoir comment font-ils pour survivre, quelques-uns nous ont répondu : « Nous sommes totalement livrés à nous-mêmes ! On se débrouille comme on peut. Alors si l'on ne vole pas parfois, on meurt ! ». La violence est omniprésente dans leur milieu, et les bagarres sont quasi quotidiennes pour un petit partage du butin ou autre. Dans ce domaine, il faut noter qu'il est vraiment regrettable de les voir se battre pour un morceau de pain ou pour une simple cigarette. On peut facilement imaginer le climat qui règne au sein de cette frange de la population qui lutte chaque jour pour sa survie. Comment peut-on donc éradiquer ce phénomène qui prend des proportions inquiétantes et devant une telle crise socio-économi- que ? Selon toute vraisemblance le spectre du terrorisme, la pauvreté et d'autres facteurs sont à l'origine de ce fléau puisque la quasi-totalité de ces malheureux semble venir des douars et des villes de l'intérieur du pays. Ils ont certainement fui les campagnes et les bidonvilles pour atterrir dans les grandes villes comme Annaba, Constantine, Alger et autres. A noter en conclusion que d'après l'ONS, c'est plus de 500 000 enfants qui quittent chaque année l'école en Algérie pour se retrouver exposés aux dangers de la rue. Oki Faouzi