LNR : Le syndicat a émis des accusations où se mêlent l'incompétence du staff actuel de gestion, la baisse préméditée de la production, des obligations de résultat non respectées malgré les avantages accordés ? Vincent Le Gouic : Ce courrier me laisse un peu perplexe sur le degré de cohérence dans la démarche depuis des mois et aussi sur ce qui est dit quant aux desseins des uns et des autres. Plusieurs paragraphes du courrier syndical sont incompréhensibles. Avantages accordés, obligations non respectées… Je dois préciser qu'hormis les 4 premières années, notre entreprise a toujours payé ses redevances au prix du marché, c'est-à-dire ceux applicables aux autres industriels. Le même principe est valable pour le rail. Nous avons même entamé des discussions avec la SNTF pour la création d'une filiale rail. Je n'ai personnellement pas l'impression qu'ArcelorMittal bénéficiait d'un tarif subventionné par l'Etat. Il est aussi question de trafic sur la ferraille. Qu'en est-il exactement ? C'est une contre vérité parce que nous n'avons jamais eu accès à ce type de produit à des prix conventionnés. D'ailleurs les chroniques judiciaires rapportées par la presse concernant des personnes auprès desquelles nous nous approvisionnions en ferraille, nous ont été préjudiciables. Quant aux contrats avec les sociétés sous-traitantes prestataires de service ou de fourniture, nous en avons signé beaucoup en collaboration avec nos partenaires. Il est également question de licenciement des effectifs ... A l'arrivée de ISPAT en 2011, il y avait 10 600 salariés. Ce nombre a chuté au fil des départs volontaires et à la retraite. Nous en sommes actuellement à 6 600, y compris la TSS et les mines de l'Ouenza et Boukhadra. Nous n'avons jamais appliqué un plan de licenciement. Au contraire, depuis 2001, nous avons recruté bon an mal an 3 000 personnes. Les syndicalistes font référence à une volonté délibérée de la direction générale pour limiter le taux de production à 700.000 tonnes/an alors que des dispositions contractuelles de 2001 prévoyaient 4 à 5 millions de tonnes/an après investissement. Je me demande sur quel document d'engagement se sont basés les syndicalistes pour avancer pareil chiffre. Certes, nous avons des engagements de production que nous avons respectés jusqu'à 2007. Puis, avec les perturbations, le niveau a baissé. Mais de là à dire que nous devions réaliser 5 millions de tonnes, c'est une désinformation. La crise de l'acier de 2008 est également pour beaucoup dans cette baisse. Implicitement, votre partenaire social parle de complot. Qu'en est-il exactement ? La théorie du complot est hallucinante. Pourquoi, volontairement, le groupe ArcelorMittal irait-il se mettre dans une situation qui ferait perdre sa valeur à sa filiale à Annaba? Quant aux prétendus avantages accordés à l'équipe d'expatriés, c'est totalement faux. Ce qui m'étonne, c'est que les mêmes syndicalistes qui aujourd'hui accusent ces expatriés d'incompétence, avaient appelé à leur retour à Annaba. Ces cadres expatriés étaient partis 12 jours pour protester contre leurs conditions de travail. L'autre désinformation porte sur le niveau de vie de ces expatriés, leurs salaires et leur prise en charge, qui serait globalement de 2 millions de DA/mois. C'est totalement faux. Cela relève de la rancœur, d'un appel à la xénophobie. J'estime que cette attaque en règle n'a pour objectif que de discréditer le staff de management.