Au moment où certains pays africains optent pour les OGM afin d'améliorer la productivité agricole, à l'instar du Niger, du Burkina Faso..etc, l'Algérie, pour sa part, préfère être vigilante. Il faut savoir, en effet, que les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont bannis en Algérie. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a promulgué un arrêté, en décembre 2000, interdisant l'importation et l'utilisation des OGM. De leur côté, les agronomes privilégient la thèse du risque zéro. Ainsi, "tout transfert artificiel de gènes sur le matériel végétal est strictement interdit" , précise l'arrêté ministériel promulgué en décembre 2000. L'Algérie, en l'état actuel de la recherche sur les Organismes génétiquement modifiés (OGM), préfère prendre beaucoup de précautions. Par matériel végétal, le ministère de l'Agriculture entend les plantes vivantes ou parties vivantes de plantes, y compris les greffons, tubercules, rhizomes, boutures, pousses et semences destinés à la multiplication ou à la reproduction. Il faut dire, par ailleurs, que la célérité des autorités algériennes s'explique par la dépendance du pays en matière agricole, notamment en ce qui concerne les semences. Cet arrêté fait barrage donc à la possibilité, pour les firmes multinationales productrices d'OGM, d'investir le marché algérien car l'importation de produits réputés génétiquement modifiés sera soumise à un contrôle draconien aux termes de l'arrêté de décembre 2000, explique-t-on au ministère de l'Agriculture. Cependant, il faut reconnaître que les OGM ne sont pas une priorité pour l'Algérie. L'agriculture algérienne souffre de problèmes structurels. "Nous dépendons entièrement de l'importation et c'est dangereux d'ouvrir nos portes aux OGM. Si de nombreux spécialistes occidentaux trouvent que les OGM sont neutres, je me pose la question pourquoi les cantonnent-ils dans des centres de recherche et pourquoi seront-ils une chance pour les pays sous-développés?" s'interroge un enseignant en agronomie à l'université d'Alger. Selon lui, l'unique solution alternative est la culture biologique. Ces mesures de précaution sont dues au retard technologique des pays du Sud nous dit-on. Effectivement, les pays maghrébins ne disposent pas ou pas encore des technologies pointues qui leur permettront de contrôler d'une manière efficace les produits OGM qui seront présents sur leur marché et en toute logique dans les assiettes des consommateurs. Ce qui explique, d'ailleurs, la décision des pouvoirs publics d'interdire les OGM. Néanmoins, en matière de recherche, les OGM ne sont pas interdits. D'ailleurs, l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) continue ses travaux de recherche sur les OGM avec l'aval du ministère de l'Agriculture. Pour les chercheurs de cet Institut le problème est ailleurs. "Il faut que nos paysans arrivent à franchir la frontière qui sépare l'agriculture traditionnelle de la biologique. C'est la mentalité qu'il faut changer. Il est difficile d'expliquer à un paysan la différence entre ces deux cultures", regrette-t-on. En somme, il est plus urgent pour l'Algérie d'arriver à une indépendance alimentaire en favorisant une agriculture extensive. Nous verrons plus tard pour les OGM. Pour l'instant, les organismes modifiés sont cantonnés à la recherche.