Plus de 10,5 millions d'Afghans sont appelés aujourd'hui aux urnes pour élire les 249 députés de l'Assemblée nationale dans un climat d'appréhension. Dix-huit personnes (dix partisans d'un candidat et huit fonctionnaires de la Commission électorale) ont été enlevées par des hommes armés à la veille de ces élections législatives afghanes qui s'annoncent sous haute tension. Les talibans ont menacé de cibler particulièrement les bureaux de vote. Un candidat aux législatives, Abdul Rahman Hayat, a été kidnappé dans la province du Laghman, dans l'est du pays, faisant souffler une onde de peur. Les talibans, qui ont revendiqué l'enlèvement du candidat, avaient menacé de lancer des attaques lors du scrutin prévu aujourd'hui samedi et de viser en priorité les forces de sécurité et le personnel travaillant à l'organisation des élections. «Toutes les routes menant aux bureaux de vote vont être attaquées et les forces de sécurité et les personnes travaillant à l'organisation des élections seront nos cibles premières», ont averti les talibans. Déjà la campagne électorale avait été marquée par une campagne aiguë d'intimidation des candidats. Au moins trois d'entre eux ont été assassinés et des dizaines d'attaques ont été commises contre leurs partisans. Même les organismes «neutres» n'ont pas échappé à la violence. Selon la représentation de l'ONU à Kaboul, deux employés de la Commission électorale indépendante ont été tués, mercredi dernier, dans la province de Balkh, dans le nord. Ce scrutin législatif, le second depuis la déroute des talibans, intervient un an après une présidentielle marquée par des fraudes massives. L'image du président réélu Hamid Karzai ne s'est plus améliorée depuis. Les résultats définitifs du scrutin d'aujourd'hui ne seront connus que le 31 octobre. Pour les observateurs, la future composition de l'Assemblée nationale ne devrait pas changer la donne dans un pays où le Président concentre l'essentiel des pouvoirs. D'autant plus que le Président reste tributaire de la présence des quelque 150 000 soldats des forces étrangères. La Commission des plaintes électorales (ECC), l'organisme chargé d'enquêter sur les éventuelles irrégularités, reste sceptique : «Il y aura de nombreuses fraudes à ce scrutin.» Durant les jours précédant le scrutin, plusieurs milliers de fausses cartes d'électeurs ont été saisies dans les villes afghanes. M. B.