La Russie a condamné, hier, le déploiement en mer Noire d'un croiseur américain équipé d'un système antimissile «Aegis» dans le cadre de manœuvres navales avec l'Ukraine, a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères. «Nous avons un certain nombre de questions concernant l'arrivée en mer Noire du croiseur de l'US Navy Monterey équipé d'un système antimissile Aegis pour participer aux exercices américano-ukrainiens Sea Breeze 2011», a précisé le ministère russe dans un communiqué. «La partie russe a souligné à plusieurs reprises qu'elle ne passerait pas sous silence l'apparition d'éléments de l'infrastructure stratégique américaine dans la proximité immédiate de ses frontières et qu'elle considérera cela comme une menace à sa sécurité», ajoute la diplomatie russe. Le système Aegis embarqué par le croiseur américain est un radar pouvant exécuter la détection, la recherche et la poursuite de missiles. Les missiles couplés à ce radar entrent dans l'arsenal militaire utilisé pour un bouclier antimissile. Moscou s'interroge notamment sur sa présence aussi près des frontières russes alors que «les manœuvres navales avec l'Ukraine concernent la piraterie». Russes et Américains s'opposent depuis plusieurs années sur la volonté de Washington de déployer un bouclier antimissile en Europe. L'administration du président américain Barack Obama avait annulé en septembre 2009, un premier projet de bouclier mis au point par le gouvernement de George W. Bush qui avait suscité la colère de la Russie, et annoncé une nouvelle version, moins controversée, mais de nombreux désaccords subsistent. Les Etats-Unis et Varsovie ont signé en juillet 2010 un protocole concrétisant l'accord de la Pologne pour accueillir une composante du futur bouclier et une nouvelle étape a été franchie le 3 mai dernier, avec la signature d'un accord entre les Etats-Unis et la Roumanie pour le déploiement d'éléments du bouclier. Moscou, qui demande que Washington l'implique dans ce projet, a exigé au minimum des garanties, selon lesquelles ces installations ne constituent pas une menace contre son potentiel de dissuasion nucléaire.