Un geste technique d'une rare beauté. Un dribble doublé d'un lob et tout le monde n'a vu que du feu alors que le ballon est au fond des filets. L'auteur de ce but d'anthologie n'est pourtant pas un footballeur mais un politique aux feintes déroutantes. Il est le seul à avoir manifestement digéré la défaite de Marrakech. Très au fait de la chose footballistique, il s'est démarqué de tous en soutenant mordicus l'entraîneur local. Mieux encore, et preuves à l'appui, il a énuméré tous les exploits réalisés par les entraîneurs locaux depuis le milieu des années 1970. De Rachid Mekhloufi à Saâdane en passant par Kermali et Khalef, Ahmed Ouyahia, puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'a omis aucun nom ni aucun coach ayant marqué de son empreinte le football national. Une leçon magistrale comme celle administrée par les Marocains à des Algériens presque inexistants sur le terrain. Non seulement Ouyahia se positionne clairement en faveur de l'entraîneur local mais aussi pour le joueur du même nom. Trop beau pour être vrai même si théoriquement, il a raison sur toute la ligne. Ahmed Ouyahia a omis l'essentiel et fait l'impasse sur les raisons de l'absence du joueur local en équipe nationale. D'abord, le problème de la formation se pose avec acuité puisque depuis plus de deux décennies, l'Algérie est à la traîne en la matière. Puis, le joueur local est si chouchouté financièrement qu'il ne fournit aucun effort pour progresser. Belloumi, Madjer et Assad ont été de purs produits locaux tout comme Hadj Aïssa, Soudani et Djabou mais les premiers n'avaient d'amour que pour le football et les couleurs nationales alors que les seconds, sans douter de leur amour pour le pays, n'ont de yeux que pour l'argent. Là est la grande différence même si aujourd'hui, l'argent règne en maître. Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, devrait se pencher sur la question s'il veut que le joueur local ait un jour une chance d'évoluer dans le plus haut niveau.