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Dérision, autodérision et photodérision

Ils sont près d'une cinquantaine d'artistes à participer au «1er Salon de la photographie insolite » qu'organise le Palais de la culture Moufdi-Zakaria entre les 8 et 30 juin.
Des jeunes et des moins jeunes, venus de toutes les régions du pays, tous animés du même enthousiasme à nous montrer près de 70 photographies aussi pétillantes les unes que les autres par la fraîcheur de leur propos, leur pertinent à-propos et le sens du quiproquo qui les anime. Avec leur appétence à se voir (se rencontrer) pour se connaître et faire apprécier le fruit de leur labeur. «L'esprit, l'oeil et le coeur sur une ligne de mire» Portant, en bandoulière, leur appareil, le seul viatique de leur sens de l'observation, de l'humour et de la dérision, ils convoquent tous les sujets et appréhendent toutes les occurrences porteuses de dynamique déstabilisante qu'elles saisissent comme le pêcheur saisit le poisson dans le jus de son frétillement, dans l'instant de celui-ci, dans sa fulgurante temporalité. Schopenhauer ne prétend-il pas que «la photographie offre la satisfaction la plus complète à notre curiosité» ? Et Henri Cartier-Bresson de surenchérir : «La photographie c'est retenir son souffle, pendant que toutes les facultés convergent face à la réalité fuyante, c'est mettre l'esprit, l'oeil et le coeur sur une ligne de mire». Performance pas facile en effet, quand on a, outre des impératifs techniques à respecter, à se soucier de la qualité discursive de l'épreuve et du caractère dérisoire assigné au sujet convoité. Impératifs techniques comme «le sentiment de la lumière», «la ressemblance intime» et le «côté psychologique de la photographie» dont parlait déjà en 1857, Félix Nadar. Sens de l'humour et de la dérision «Quand la réalité égare ses repères et qu'elle flirte avec la fiction, les images peuvent être déroutantes : la photographie qui s'en saisit devient le médium de l'insolite ; elle nous promène alors dans l'inattendu», est-il dit dans l'exergue du catalogue de l'exposition sponsorisé par l'entreprise citoyenne Nedjma. Une initiative on ne peut pionnière qu'on ne peut qu'encourager. Pour une fois qu'un sponsor remet la balle au centre pour donner aux arts visuels une opportunité d'espérer ! C'est beau, c'est rare. Autant qu'un geste de fair-play sur un de nos stades. Ça se remarque. Ça s'applaudit. Fiction, insolite, inattendu. Que reste-t-il à dire si ce n'est que cette exposition charrie un trop-plein de bonne humeur et d'humour. On parlera d'humour de situation comme on parlerait de comique de situation dans le jargon théâtral. La plupart de ces ?uvres d'art brillent par le caractère impromptu des séquences qu'elles appréhendent, la spontanéité à saisir l'attitude de manière décisive avec son côté galéjade enjoué, transgressif mais non sans un zeste de poésie anecdotique. Comme cette prise de vue de Omar Sefouane (qui est en même temps commissaire de l'expo) où l'on voit un oiseau très glamour s'agripper au mufle d'un bovidé, une façon pour l'auteur de revisiter «le baiser aux jonquilles» de Robert Doisneau (1950) ; comme cette séquence de Fouad Bendjelloul montrant en gros plan le museau d'un chameau farfouillant derrière l'oreille de son propriétaire, un remake de «l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux» célébrissime film, s'il en est ; comme ce cliché de Aniss Benmeslem où l'on aperçoit un lama tenter, au parc zoologique de Ben Aknoun, de s'allaiter à d'hypothétiques mamelles de son petit qu'il semble chercher avec circonspection ; comme cette séquence saisie par Toufik Hachi où un homme lit tranquillement son journal juché à califourchon sur un bourricot trottinant joyeusement sur une route (sans dos-d'âne apparemment), ou cette autre séquence du même artiste surprenant deux spectateurs du stade de Guelma encagés dans des attentes ferraillées de piliers non encore bétonnés dominant une tribune archicomble, instantané malicieusement légendé «cage officiellle, pas tribune officielle» ; comme cette image d'un panneau routier limitant la vitesse à 30 km/heure pour toute âme joggueuse prête à monter les escaliers au bas desquels est planté ledit panneau (signé Khaled Berrezel) ; comme ce supporter de l'USMH, surpris par l'objectif de Yacine Selhani somnolant tout là-haut sous le toit des tribunes bien calé à la fourche d'un poteau de soutènement de ce même toit, une façon comme une autre d'être au-dessus de la mêlée ; comme ce plongeur pris en contre-plongée par Rafik Garni sur le point de s'écraser sur un plan d'eau, une idée judicieuse de convoquer le titre d'un vieux film célèbre «Plus dure sera la chute». Comme ce mouton qui «cuisine avant d'être cuisiné», présenté par Yacine Imadalou, debout devant une cuisinière, tenant une casserole à la …patte. Comme ce motocycliste, montré par Abdelkrim Alloui, aux environs de Guelma serrant entre les jambes un sac de semoule («Le transporteur») ; comme ces ruines romaines de Tipasa, photographiée par Kahir Aggal, traversées par un troupeau de visiteurs inattendus (chèvres et moutons)… en attendant d'éventuels touristes ; comme ce poussin jaune saisi par Hocine Ilyes en train de picorer… un jaune d'oeuf. D'autres oeuvres revêtent un caractère anecdotique ne nécessitant pas d'urgence, elles ont laissé le temps à l'artiste de procéder aux mises au point requises et parfois même à une incontournable mise en scène : tel ce «portrait » de carottes siamoises bien cadrées par Amar Belkacem et qui nous rappelle les épreuves du photographe américain Edward Weston ( notamment «Poivron n°30, 1930) ; tel ce panneau relevé à Bordj El Kiffan par Samir Boualam avertissant de manière incohérente : «Par respect du lieu et strictement interdit aux couples et débit de boissons» ; tel ce cliché pris par Fatima Chafaa représentant une bâtisse érigée au milieu des tombes du cimetière de Aïn Benian et squattée par un improbable indu-occupant avec fixée au mur l'assiette d'une antenne parabolique ; il ne manquait que le caisson blanc immaculé d'un climatiseur, agrément dont ne s'est pas privé le propriétaire d'un gourbi photographié à Aïn Romana (Blida) par Ismaïl Guesmi ; telle «l'histoire d'amour» entre un poteau en béton et une plante grimpante qui l'enlace intimement de ses grosses branches envahissantes, ce qui n'a pas échappé à l'oeil malicieux de Mustapha Hassaïne de passage à la gare routière de Aïn Témouchent ; telle cette R 4 garée sur le toit d'une baraque zieutée par Yacine Imadalou du côté de Sidi Aïch (Béjaïa) ; tel «l'homme et le scorpion » portraiturés par Aniss Benmeslem, visage d'un homme avec sur la joue un scorpion en pleine déambulation exploratoire, ce qui ne manque pas de nous rappeler celui d'André Breton avec un gros insecte sur le front (1935) ; tel ce caisson publicitaire flambant neuf trônant au beau milieu d'une opulente décharge d'ordures avec comme slogan : «J'aime la nature, je la protège» déniché du côté de Bouira par Mustapha Keci ; c'est enfin Lies Oufella qui convoque un zeste de bonne humeur avec son «Escargot nouveau permis » représentant un volumineux gastéropode dont la vitesse est limitée à 80 km/heure, limitation indiquée par un pictogramme ad hoc inscrit sur sa coquille. Une insolite insolence Ce salon est une première prometteuse qui a incité Mehadjia Bouchentouf, directrice du Palais de la culture Moufdi-ZaKaria, à nourrir le projet de l'institutionnaliser en lui donnant une périodicité annuelle. Des expositions aussi insolentes dans l'insolite, on en redemande pour dérider la surface glauque de ce qu'on nous fourgue habituellement concernant ce genre de manifestations. Ces photographies d'un réalisme vigoureux et hiératique parfois, retiennent notre attention par leur côté impromptu, improbable, étonnant, incongru, caustique, ubuesque, surréaliste, elles nous transportent dans un horizon où nous nous jouons de la fiction quand la réalité la dépasse. Quand l'insolite flirte avec l'insolence de certaines situations, il ne reste au regardeur que le plaisir de s'en délecter. De la dérision, de l'autodérision, de la «photodérision», une fraîcheur printanière qui embaume notre regard.

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