Ils sont une cinquantaine de jeunes Algériens, photographes en herbe, à exposer leurs clichés insolites jusqu'au 30 juin au palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba. Premier du genre à Alger, ce Salon national de la photographie insolite se veut un espace propice de rencontres et de partage entre tous les photographes venus d'horizons divers et de quinze wilayas du pays. Pour la directrice du palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba, Mme Bouchentouf Mahaljia, «l'expérience n'est peut-être pas la première, mais elle reste inédite en Algérie. C'est parce que la photographie a longtemps été délaissée, qu'aujourd'hui elle a besoin d'avoir son espace et d'être aussi soutenue. A travers ce salon, nous avons voulu donner une ampleur et une profondeur à cet art chez nous». Abondant dans le même sens, le commissaire du salon, Omar Sefouane, ajoutera que «cette manifestation artistique est une opportunité pour tous les photographes participants d'exposer leurs produits et d'exprimer ainsi leur talent». Une cinquantaine de photographes amateurs et professionnels sont venus dévoiler au public un ensemble d'une soixantaine de clichés de formats moyens. Il y a des couleurs qui contrastent et des noir et blanc qui éclairent. Il y a surtout de l'émotion à travers ces soixante-dix photos exposées. Comment ces jeunes, au profil différent mais mordus par la même passion de la photographie, ont-ils pu se réunir autour de ce projet intéressant à plus d'un titre ? C'est à travers la Toile, plus exactement sur facebook, que des photographes se sont rencontrés pour parler à bâtons rompus de leur amour pour les clichés. Des liens se sont alors tissés entre ces personnes. Des sorties ont même été organisées. Originaire de Sétif, le jeune Ilyés Hocine avoue qu'il a découvert l'univers de la photographie grâce à la publicité. «J'avais un manque de photos pour un concept publicitaire. C'est ainsi que j'ai décidé de me lancer dans la photographie en tant qu'amateur.» Pour parfaire ses connaissances, il se documente à travers des ouvrages et Internet. Des conseils lui seront même prodigués par de grands professeurs nationaux et étrangers. Il commence par se familiariser avec un appareil de type reflex.Un mono-objectif unique servant à la fois à la prise de vue et à la visée grâce à un système de miroirs. Il s'investit de plus en plus dans cet art, en immortalisant des séquences insolites en faisant beaucoup plus dans la macrophotographie. Dans «Cannibalisme volatil», il offre l'image d'un poussin en train de siroter le blanc visqueux de son œuf et dans «Cloud Fury de Tikdjda», il «zoom» sur les nuages et les montagnes. Pour Ilyés, ce genre d'événement lui permettra d'emprunter la voie du professionnalisme. Pour sa part, le Constantinois Alloui Abdelkrim livre parmi sa série de 30 giga, deux photos en couleur. Si l'une met l'accent sur un transporteur de fèves avec une motocyclette empruntant la route reliant Hamam Ouled Aïl et Guelma, la deuxième «La voiture-couffin», laisse entrevoir un véhicule roulant à une vitesse raisonnable avec la malle ouverte. Abdelkrim est rentré de plain-pied dans la photographie, alors qu'il travaillait dans une agence de tourisme. Les centaines de clichés pris pour les besoins de son travail, grâce à son téléphone portable, lui ont fait découvrir une passion qui somnolait en lui. Cette passion ardente, il la doit également à son père qui était photographe amateur argentique (pellicule). «Ce salon me permettra de me comparer à d'autres talents, de partager des acquis, et surtout à donner une ampleur à ces rencontres auparavant virtuelles. Cette occasion me permet également d'enrichir mon CV.» En somme, ce premier Salon de la photographie regorge de prises de vue insolites d'artistes en herbe. Un détour du côté du Palais de la culture de Kouba est vivement conseillé !