Ils la voulaient cette «marque» étrangère. Ils la voulaient depuis le départ de Saâdane. Ils la voulaient cette nomination étrangère après Benchikha. Ils la voulaient, «maintenant qu'il est officiellement installé pour trois années, ils peuvent enfin souffler et crier à la face du monde qu'ils ont une équipe nationale», martelait un ex-international qui veut garder l'anonymat. Madjer, quant à lui, ne mâche pas ses mots. Il le dit aux médias et l'a écrit dans bien des cas dans ses mémoires «la majorité du peuple veut un Algérien derrière son emblème national», avant d'ajouter dans une série de questions posées par des internautes et publiées par le site web de Gloden football, «en toute honnêteté, j'aurai choisi un entraîneur local. Nos entraîneurs et joueurs sont respectés à travers le monde… Tous les titres que l'Algérie a remportés ont été acquis avec des entraîneurs algériens. Nous avons toujours échoué avec les étrangers». Le football algérien perdrait-il de sa valeur ? n'est-il plus l'école tant convoitée ? Tout bascule, dans le bon ou le mauvais sens. Nous le saurons dans quelques mois. Pour l'heure, c'est un autre programme qui arrive avec d'autres couleurs, d'autres promesses, d'autres raisonnements, d'autres analyses et surtout d'autres provocations. Le tout se conjuguera dans tous les cas sous une nouvelle culture. Le football va mieux se porter, nous promettent-ils là bas tout au fond du bureau central. Le nouveau commandant de bord a déjà choisi son équipage, et d'ailleurs pour montrer sa bonne volonté, il dit rencontrer les joueurs chez lui en France pas ici. Ce n'est pas l'argent qui l'intéresse, ce sont les résultats. Il promet de faire le maximum pour rééquilibrer notre équipe nationale. Il se penchera sur le cas de cette équipe pour laquelle, il a répondu à l'appel de son ami de la FAF. C'est fait, la nouvelle couleur plante son décor avec le respect des uns et des autres. Il va falloir rester sage et attendre pour voir comment nos «missionnaires» vont-ils marquer des buts et relever le niveau de notre football grâce au style qui sera imposé ? La carte blanche est attribuée. Les objectifs : les qualifications à la Coupe d'Afrique des nations, CAN-2013 et à la Coupe du monde, Brésil 2014. La CAN c'est pratiquement fini, «il ne faut pas espérer», nous dit le nouvel entraîneur. Ainsi tout est décidé alors que l'autre discours aurait été mieux accueilli à la limite. «Nous ferons le max pour rattraper la balle perdue de la CAN-2012». Cela fait un peu nuage avant le coup du démarreur. Nuage lourd sur une histoire de notre football qui avait eu depuis l'Indépendance à ce jour, 53 entraîneurs algériens contre 11 ou 12 sélectionneurs étrangers. De 1966 à 1969, c'est le Français Lucien Leduc qui ouvre le bal puis de février 1974 à juin 1975, ce fut le Roumain qui s'engage avec l'EN Valentin Makkri. De septembre 1979 à septembre 1980, le Yougoslave Zdravko Rajkov promet des résultats exceptionnels puisque après un passage éclair du Russe Guennadi Rogov de septembre 1980 à mai 1981, ce dernier revient d'octobre 1986 à mars 1988, mais il n'a pas pu réaliser ces objectifs. Débarque ensuite de juillet 1998 à août 1998 Marcel Pigulea, un passage éclair qui explique tout. L'Algérie accueille de septembre 2000 à février 2001, Mircea Radulescu qui plie bagages et repart sans résultat. Un autre arrive de janvier 2003 à juillet 2003 en l'occurrence, Georges Leekens et Stéphane Pauwels, une autre leçon de fausse fidélité qui dénonce les intentions des entraîneurs étrangers. Vacances, devises et au revoir. Juste après Rabah Saâdane, c'est Stéphane Pauwels de mai 2004 à septembre 2004 en compagnie de Robert Waseige Stéphane Pauwels. Des leçons très mal apprises et l'Algérie perd de nouveau de l'argent. Puis ce fut autour du Français Jean-Michel Cavali de prendre les règnes de l'équipe nationale de mai 2006 à octobre 2007, juste une année de vie commune avant le divorce. La roue de la fortune tourne encore au cœur d'une île que nous avons qualifiée de tentation. A qui le tour ? (2007-2010 Saâdane) avant que Bencheikha ne cède sa place en juin 2011 à un autre étranger en l'occurrence, Vahid Halilhodzic qui débarque avec des intentions folles et des professionnels dans ses bagages. Outre sa maigre expérience dans le monde international, des CV qui ne pèsent pas lourd devant une Algérie qui cherche à construire son propre football avec ses acteurs. Ceux qui gardent encore le cordon ombilical vivent avec leur pays donc avec leur culture. Les prochaines rencontres arrivent accompagnées des promesses du nouvel entraîneur. Qu'en pense l'homme de la rue ? «On verra bien. Un Algérien aurait été peut-être beaucoup mieux». Un autre précise : «Je suis content, je souhaite qu'il apporte de la puissance à notre football… On ne sait plus qui est le maillon faible, le joueur ou l'entraîneur ? Je sais que nous jetons de l'argent par les balcons et beaucoup en profitent… Ce qui se passe en Algérie est exceptionnel et cela restera exceptionnel alors pourquoi se faire du mal ? Je crois que le football en Algérie nous quitte par la petite porte. Que Raouraoua, Mechrara qui s'en va et les autres nous laissent tranquilles ! Nous n'avons plus besoin d'eux. Permettez-moi de vous dire que le premier jour de l'année 1964, l'Algérie grâce à ses joueurs professionnels avait battu par deux buts à zéro l'équipe de RFA alors qu'il y avait des pointures comme Hans Tilkowski, Uwe Seeler, Helmut Haller, Karl-Heinz Schnellinger, un pays qui dispute la finale de la Coupe du monde 1966 contre l'Angleterre . L'Algérie remporta donc le match contre la RFA sous la houlette de Smaïl Khabatou par deux buts à zéro grâce aux buts d'Ahmed Oudjani (RC Lens) et Mahi Khennane (Stade rennais) ainsi que Abderrahmane Boubekeur qui a arrêté un penalty. Que dire de M. Khalef qui marqua l'année 1982 d'une pierre blanche ? Une personne âgée interviendra pour dire tout simplement, le football est à la FAF et non plus au peuple !»