Déclenchée en pleine haute saison, la grève du personnel navigant commercial (PNC) d'Air Algérie a causé d'énormes désagréments aux passagers et une perte sur le réseau international estimée à 31,7 millions de dinars par le président-directeur général de la compagnie, Mohamed Salah Boultif, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, à quelques heures du début des négociations entre la direction et le PNC. Il explique que sur une prévision de transport de 34 400 passagers, il y a eu 34% de pertes, avec 13 500 passagers transportés. Les pertes sur le réseau domestique ne sont pas encore évaluées. La crise a été résorbée, confirme-t-il. Les négociations entre les deux parties seront directes, a tenu à souligner le PDG qui a également présenté ses excuses aux passagers pour les désagréments causés par la grève. Ces désagréments ont surtout été ressentis sur le réseau international ; sur le réseau domestique, ils ont été amortis par l'autoroute et la voie ferrée, fait-il remarquer. Il ajoute que le trafic sur l'extrême sud du pays a été privilégié au cours de la grève. M. Boultif rappelle que des instructions ont été données par la compagnie pour la prise en charge (hôtel et restauration, en fonction des disponibilités) des passagers bloqués par la grève du PNC et pour prendre l'initiative en matière de communication (donner l'information en temps réel et ne pas laisser cette initiative aux autorités aéroportuaires). M. Boultif a rappelé les trois points en discussions et qui sont les trois revendications principales du PNC : les conditions socioprofessionnelles (aller rapidement vers un bloc opérationnel, souligne le PDG), alignement des salaires sur celui des pilotes et copilotes (c'est-à-dire une augmentation de 106 % demandée par le PNC) et création d'une direction autonome chargée du PNC au sein de la compagnie. Concernant la revendication salariale, le PDG s'en tient à sa proposition d'une augmentation de 20% car, dit-il, on ne peut pas traiter les augmentations de salaires de manière corporatiste. Si nous donnons uniquement au PNC, estime-t-il, ce sont tous les autres corps de la compagnie qui vont exiger la même augmentation. M. Boultif pense qu'il y aura des concessions, il y a une marge de manœuvre, dit-il, mais, ajoute-t-il, il y a également des lignes rouges à ne pas dépasser. Il est optimiste et espère que dans ces négociations directes, la raison et le bon sens l'emportent. On pourra trouver un compromis, dit-il, dans l'intérêt de la compagnie et de ses employés. Mais il avertit : «Je n'irai pas vers un déséquilibre financier de la compagnie.» Le PDG d'Air Algérie est surtout inquiet par rapport aux conditions financières de la compagnie qui ne sont pas bonnes à cause de la diminution de 20% du trafic sur le réseau domestique (du fait de la concurrence de l'autoroute et de la voie ferrée) et de la stagnation sur le réseau international où il y a une très forte concurrence, fait-il observer. Le chiffre d'affaires de la compagnie a baissé en 2010 (55 milliards de dinars) par rapport à 2009 (58 milliards de dinars). L'enjeu, précise-t-il, c'est la qualité de service, c'est-à-dire la régularité et la ponctualité. Sur ce dernier point (la ponctualité), il fait remarquer qu'il y a des facteurs endogènes sur lesquels il faut agir (ils sont internes à la compagnie, d'ordre technique ou liés à la rigueur de la gestion du personnel) et des facteurs exogènes. Pour lui, il faut trouver de nouvelles dessertes, développer le fret, l'activité charter à l'export (avec des tarifs moins chers) en relation avec les tours opérateurs et les voyagistes, et développer un trafic de transit à partir de l'aéroport Houari-Boumediene.