Le très attendu procès de l'assassinat du chantre de l'amazighité Lounès Matoub, le 25 juin 1998, à Tala Bounan près de Béni Douala s'est tenu hier au tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou sous haute tension. Le juge a dû suspendre l'audience à deux reprises. Une première fois la matinée lorsqu'«une partie» de la partie civile (la mère et la sœur du Rebelle, ndlr) a décidé de se retirer de l'audience considérant, selon Me Rahem, un de leurs avocats, que «le procès est une parodie et que les assassins et les commanditaires sont absents». «L'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation de l'année 2000 a clôturé l'instruction. La famille Matoub (Malika la sœur et Na Aldjia, la mère) ne considère pas ces deux individus (Medjnoun et Chenoui, ndlr), accusés dans cet arrêt de renvoi, comme étant du moins les seuls coupables», a-t-il poursuivi, indiquant : «La défense se réserve le droit de déposer une autre plainte devant le juge d'instruction pour l'ouverture d'une instruction contre toute personne susceptible d'être poursuivie dans ce procès pour faire éclater la vérité sur cet assassinat.» «Le complément d'enquête que nous avons demandé n'a rien apporté de nouveau au dossier, ni l'étude balistique, encore moins l'audition de 52 témoins, mais aussi la reconstitution des faits», a relevé pour sa part Malika Matoub, la sœur du Rebelle. Elle a exigé l'audition de l'ex-chef du GSPC Hassan Hattab qui a revendiqué l'assassinat du chanteur. L'autre partie de la partie civile, Nadia Matoub et ses deux sœurs Ouerda et Farida, s'est aussi retirée de l'audience, après que le juge ait décidé de suspendre l'audience pour la seconde fois, la sœur et la mère du Rebelle ayant mis l'accent sur le fait que ce procès soit celui de Medjnoun et Chenoui et non celui de l'assassinat de Lounès. Pour sa part, un des avocats de la défense, Me Ait Habib a exigé la tenue de ce procès avec ou sans la partie civile considérant que ce procès est celui de Medjnoun et Chenoui, leurs clients, ce que le représentant du ministère public a confirmé, indiquant que « la non-constitution de la partie civile n'a aucun lien avec la plainte publique et que selon le code de procédure pénale, le procès peut avoir lieu avec ou sans la partie civile. A la barre, les deux accusés ont nié en bloc les griefs retenus contre eux. «Les aveux contenus dans l'arrêt de renvoi nous ont été soutirés sous la torture et la menace», ont-ils dit. «Durant les six et sept mois de détention dans les locaux des services secrets (sécurité militaire) à Ben Aknoun, à Alger, on a subi les pires atrocités», ont-ils déploré précisant qu'ils n'ont rien à voir ni de près ni de loin avec cette affaire.