Il est étonnant que les responsables algériens assistent, comme cela a été le cas pour la grève d'Air Algérie - où c'est le ministre des transports français qui a poussé les autorités algériennes à trouver une solution- , en spectateurs à un événement mondial faute de gouvernance. Même des journaux supposés être proches du pouvoir commencent à se poser de réelles questions et se demandent s'il existe un pilote à bord. Néanmoins, selon Philippe Béchade, membre de la fondation Agora et spécialiste des marchés, « plus la Fed engrange des positions de moindre qualité (même si elle s'en défend), plus l'avantage des T-Bonds - en termes de sécurité - se réduit par rapport aux emprunts émis par des entreprises disposant d'un bon matelas de cash et de revenus récurrents ». Le risque n'est-il pas une nouvelle bulle qui risque de toucher les bons du Trésor US ? Ainsi, les investisseurs qui cherchent refuge dans les bons du Trésor US pour se prémunir des risques, ne feront qu'accélérer le transfert du bilan des banques du secteur privé vers celui du prêteur en dernier ressort avec l'accélération du déficit budgétaire. Ce qui se répercutera sur le dollar dans la mesure où la création monétaire ex-nihilo et la baisse de la qualité de la devise se traduit par une baisse simultanée de la rémunération, les placements dans les bons du Trésor US s'apparentant à épargner plus pour gagner moins. Dès lors, du fait du manque de confiance, l'on pourrait assister à une chute du dollar américain qui entraînera une vente massive des bons du Trésor US. Quant à la part chinoise, elle représente environ 45 % de la dette totale externe des Etats-Unis, étant concentrés surtout au niveau de la Banque centrale de Chine. Courant 2010, sur 2 450 milliards de dollars de réserves de change chinois, une grande partie est libellée en dollars. A fin août 2010, la Chine détenait un total de 868,4 milliards de dollars de bons du Trésor américains, selon des chiffres officiels américains, et 1 000 milliards de dollars courant 2011, selon d'autres sources. Ce que Pékin redoute par-dessus tout : une véritable explosion de la dette américaine, laquelle aurait pour conséquence un affaiblissement accru du dollar, entraînant de facto une dévalorisation des bons du Trésor détenus par la Chine. En affichant une perspective négative en juillet 2011, la Standard and Poor's semble ainsi alerter la Chine sur l'incapacité des politiques américains à endiguer la situation, un contexte de nature à impacter grandement la valeur des investissements chinois en dollars. Pourtant, malgré certaines déclarations contre l'hégémonie du dollar, la Chine continue à être un gros acheteur de bons du Trésor. Ainsi, la crise a rendu de facto l'économie américaine encore plus dépendante de la Chine et la Chine plus dépendante des USA car toute contraction de la demande affecte les exportations chinoises. Mais est-ce que cette situation pourra continuer à l'avenir ? Tout dépendra de l'attitude de la Chine, premier créancier des Etats-Unis, et tout le problème est le suivant : les Chinois continueront-ils à acheter des bons du Trésor des Etats-Unis ? Qu'en sera-t-il si la dépréciation du dollar devait continuer dans le temps, et l'achat récent des droits de tirages spéciaux (DTS) émis par le FMI, par la Chine mais également par l'Inde, n'inaugure-t-il pas un changement de la politique monétaire et une refonte du système monétaire international? Le gouvernement algérien en spectateur ? Il est étonnant que les responsables algériens semblent ne pas s'intéresser à ce qui se passe dans le monde. En Algérie, le déficit budgétaire pour la seule année 2011 dépasse 62 milliards de dollars. L'économie du pays est mono-exportatrice et le prix des hydrocarbures dépend de l'extérieur. Rappelons les effets de la crise de 1986 avec les ondes de choc de 1994 (cessation de paiement), la chute de près de moitié (45%) des recettes en devises entre 2008/2009 et dont la majorité des réserves de change du pays sont placées à l'étranger, n'accordent pas une attention à ce processus stratégique des turbulences de l'économie mondiale. Comme toujours et faute de prévisions et de gouvernance et ce dans presque tous les domaines, navigant à vue, l'on espère que l'orage passera. La télévision algérienne ne s'intéresse toujours pas aux véritables débats, qui pourtant engagent le pays et la sécurité nationale. Ces débats ouverts doivent poser l'opérationnalité et non des discours creux, d'une transition d'une économie de rente vers une économie hors hydrocarbures fondée sur l'innovation continue dans un cadre concurrentiel mondial, supposant de briser les liens entre la logique rentière et la logique de la sphère informelle, réhabilitant le savoir et l'entreprise donc de profonds réaménagements du pouvoir politique. Or, la crise de l'endettement des Etats que l'Algérie éponge artificiellement par les recettes des hydrocarbures sans s'attaquer à l'essence du mal, a un impact sur l'économie algérienne car toute contraction de l'économie mondiale signifierait moins d'exportations d'hydrocarbures comme en 2008/2009. Il y a lieu d'être attentif au fait que 98% de nos exportations sont libellés en dollars et 60% de nos importations en euros. Par ailleurs, selon le ministre algérien des Finances, 80% des 157 milliards de dollars sont déposés à l'étranger en bons du Trésor dont 45% aux USA, 45% en euros, le reste en yen et en livre sterling, et toute dépréciation combinée à l'inflation mondiale donnerait un rendement négatif. Aussi je suis sceptique pour les 80% des réserves de change algérien placés à l'étranger. Quant aux déclarations du gouverneur de la Banque d'Algérie, lequel affirme que le rendement de ces placements est de l'ordre de plus de 4%, ramenant presque 5 milliards de dollars d'intérêts par an. Avec le taux d'inflation et le faible taux d'intérêt de la FED mais également de la Banque centrale européenne, le rendement est bien en deçà. La rente des hydrocarbures n'est pas éternelle et de surcroît propriété de tout le peuple algérien d'où l'importance d'un débat démocratique sur sa gestion ainsi que celle de l'utilisation des réserves de change. (Suite et fin)