La réouverture des frontières terrestres avec le Maroc n'est pas pour demain. Elle ne figure pas, ni en termes explicites ni en termes allusifs, dans le message adressé par le président Bouteflika au souverain chérifien. Cette question n'est même pas à l'ordre du jour. On le savait déjà depuis la déclaration, à ce propos, du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à la fin mai dernier, devant la presse. Ces frontières ont été fermées en 1994, cela fait maintenant 17 ans, sur décision de l'Algérie qui avait réagi à la mesure prise unilatéralement par le Maroc d'imposer le visa aux Algériens sous le prétexte fallacieux que c'est l'Algérie qui avait fomenté un attentat contre un hôtel à Marrakech. Le contexte était alors très difficile pour l'Algérie, confrontée au terrorisme à l'intérieur et en butte aux manœuvres d'isolement au plan international. Aujourd'hui, le contexte n'est plus le même, mais les gestes hostiles à notre pays n'ont pas disparu. A titre d'exemple, une preuve : les tentatives, via le lobby pro-marocain aux Etats-Unis, d'impliquer l'Algérie dans l'envoi d'armes en Libye. En même temps, le Maroc ne cesse de demander la réouverture des frontières, faisant mine d'oublier les circonstances qui ont amené Alger à décider de leur fermeture, mais aussi les conditions qui doivent maintenant présider à leur réouverture dans le cadre de relations bilatérales assainies, autrement dit, après avoir mis sur la table des discussions les problèmes en suspens. Il y a la fuite des produits algériens vers le Maroc à travers un réseau de contrebande qui porte un préjudice grave à l'économie algérienne. Produits alimentaires et les carburants, surtout, font l'objet d'une contrebande qui enrichit des Algériens peu soucieux de l'intérêt de leur pays, mais qui représente pour beaucoup de Marocains, de l'autre côté de la frontière, une activité des plus lucratives. Le trafic de drogue, pour sa part, fait entrer en Algérie le cannabis produit au Maroc et destiné à l'Europe. Un autre contentieux est en suspens depuis de longues années et qu'il faudra bien discuter et régler sur la base des textes et accords qui existent entre les deux pays et qui reconnaissent aux ressortissants marocains et algériens les mêmes droits des deux côtés de la frontière : l'affaire des terres d'Algériens spoliées au Maroc. Il s'agit, dit-on, de terres à caractère purement agricole fort rentables. L'Algérie est en faveur de relations empreintes de sérénité avec le Maroc. Le traitement des dossiers en suspens fait partie des conditions à réunir pour cette sérénité.