Contrairement aux lectures faites par les observateurs, sur la base des déclarations d'officiels marocains et algériens, et laissant croire à une probable réouverture des frontières terrestres entre les deux pays –des sources avaient même avancé la date du 2 juin-, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a estimé, hier à Alger, que cette question n'est “pas à l'ordre du jour”, non sans accuser Rabat de chercher à impliquer Alger dans le conflit libyen. “Ces derniers temps, on observe (...) des déclarations de l'agence officielle marocaine et une agitation du lobby officiel marocain aux Etats-Unis pour vouloir impliquer l'Algérie dans l'envoi de mercenaires en Libye, dans l'envoi d'armes en Libye”, a-t-il dénoncé dans une conférence de presse. «Ce genre de choses ne sont pas des facteurs qui aident à l'ouverture de la frontière», a-t-il poursuivi. «En tout état de cause, l'ouverture de la frontière n'est pas à l'ordre du jour. Il n'y a rien de programmé mais elle arrivera un jour», a-t-il dit. «Mais, pour qu'elle arrive, elle a besoin d'un climat et le climat se concrétise par des déclarations», a encore ajouté le Premier ministre. La frontière terrestre entre les deux pays a été fermée en 1994 à la suite d'un attentat islamiste à Marrakech que Rabat avait imputé aux services secrets algériens. Depuis plusieurs semaines, Alger oppose “les démentis les plus clairs”, selon les termes du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, aux accusations d'envoi de mercenaires ou d'armement en Libye pour aider Mouammar Kadhafi confronté à une rébellion dirigée par le Conseil national de transition (CNT) soutenu militairement par l'Otan depuis la mi-mars. La presse algérienne a toujours accusé les Marocains d'être derrière ces accusations. Pourtant, Ouyahia a souligné que les liens économiques des deux pays étaient “très importants”. “Nous n'avons aucun désaccord bilatéral avec le Maroc. La preuve, nos échanges commerciaux sont très importants et le Maroc se classe en première position dans les échanges commerciaux avec l'Algérie en Afrique”, a-t-il dit. Ces quatre derniers mois, Rabat et Alger ont échangé des visites de ministres qui avaient laissé augurer d'un réchauffement progressif de leurs relations politiques, gelées également à cause notamment du conflit du Sahara Occidental.