Au lendemain de manifestations monstres en Israël contre la cherté de la vie, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a répondu que l'application des réformes demandées conduiraient le pays à une crise économique similaire à celle que traverse l'Europe et les Etats-Unis. «Il nous incombe d'éviter de prendre des mesures irresponsables, précipitées et populistes qui pourraient entraîner le pays dans la même situation que certains pays européens, qui sont proches de la banqueroute et du chômage de masse», a déclaré le Premier ministre israélien. Ces propos surviennent au lendemain de nombreuses manifestations dans le pays. Environ 100 000 Israéliens ont défilé samedi à Jérusalem, Haïfa ou Tel Aviv pour protester notamment contre l'envolée des prix de l'immobilier. La crise sociale que traverse le pays peut sembler paradoxale. Israël jouit, en effet, d'une des croissances les plus élevées de la planète, avec une prévision de 5% pour 2011. En dépit de bas salaires, comparés aux pays occidentaux, le chômage a atteint son taux le plus bas depuis 20 ans en mai, avec seulement 5,7% de la population à la recherche d'un emploi. «Nous voyons les discussions sur la crise de la dette en Europe. Nous entendons même parler d'un défaut de paiement aux Etats-Unis», a déclaré le ministre israélien des Finances, Yuval Steinitz. «Mon devoir suprême est d'assurer que cette situation n'arrive pas dans l'Etat d'Israël», a-t-il ajouté. «Nous nous départirons pas de nos principes. Nous ne laisserons pas place à l'anarchie», a dit Yuval Steinitz, membre du Likoud, la droite israélienne. Des manifestants ont demandé aux autorités de restreindre le pouvoir des industriels, accusés d'augmenter artificiellement le prix des produits de consommation par le biais de cartels tolérés par Benjamin Netanyahu et ses prédécesseurs. «(...) Nous n'allons pas transformer les riches, les hommes d'affaires, les investisseurs et les industriels en ennemis du peuple, parce qu'ils contribuent à créer une économie saine», a-t-il poursuivi. Chute de Netanyahu dans les sondages Un peu plus tôt dimanche, le directeur général du ministère israélien des Finances, Haim Shani, a démissionné sur fond de contestation sociale grandissante contre le coût de la vie. «J'ai pris cette décision difficile en raison de désaccords de longue date sur des questions essentielles et sur la gestion globale», explique Shani dans un communiqué. «Les évènements de ces derniers jours ont amplifié les problèmes que j'ai pu décrire et me confortent dans l'idée que je ne suis pas en mesure de remplir ma mission dans les circonstances actuelles.» La crise sociale a éclipsé les traditionnelles nouvelles sur la question palestinienne. «Il faut comprendre que nos préoccupations principales passent de la sécurité au social», a déclaré le vice-Premier ministre Silvan Shalom à la télévision. Même si la coalition conservatrice de Benjamin Netanyahu devrait tenir jusqu'aux prochaines élections de 2013, les sondages montrent une dégringolade de la cote de popularité du chef du gouvernement, passant de 54% d'opinion favorable en mai à 32% fin juillet. «Les manifestations de masse qui ont balayé Israël la nuit dernière, M. le Premier Ministre, vont vous balayer à votre tour», prédit l'éditorialiste Dan Shilon dans le Maariv d'hier.